Avec Jean-Marc Soboth
L’individu se trouve être Lucas Cho Ayaba, séparatiste ambazonien connu, résidant en Norvège.
Cet ancien militant du Southern Cameroons Youth League (Scyl) se présentant comme un doctorant et, ouvertement, comme un chef de guerre a été successivement leader de l’Adf (Ambazonian Defence Forces) puis de l’Agc (Ambazonia General Council).
Il avait conclu une entente avec les séparatistes biafrais de l’Ipob (Indigeneous People of Biafra) de Nnamdi Kanu, créant ainsi la rupture avec Aso Rock, qui conduisit à l’extradition vers Yaoundé (en janvier 2018) des cadres de l’Interim Government séparatiste de Sisiku Julius Ayuk Tabe conclue entre le régime Buhari, Yaoundé avec l’appui de la diplomatie française.
Le personnage de Lucas Cho Ayaba est d’autant emblématique que cet ancien étudiant de l’Université de Buea est celui qui a fini par imposer la lutte armée ambazonienne aux fédéralistes alors majoritaires. Il leur a opposé vigoureusement l’inefficacité de leur stratégie politique après qu’ils aient été victimes de répression brutale du régime Biya.
Les Fédéralistes ont été sommés de se taire, d’admettre leur échec et d’acquiescer le changement de dénomination : du Southern Cameroons ou West Cameroon au néologisme Ambazonie.
Cette posture, séduisante à l’époque, a engendré la constellation séparatiste armée qui a embrasé l’ancien État fédéré sous administration britannique.
L’arrestation de Cho Ayaba à Oslo survient au moment où la guerre du régime Biya contre les séparatistes avait fait place à un juteux business des armes des bureaucrates du Palais de l’Unité avec des hommes d’affaires israéliens se sucrant sur les fonds de la Société nationale des hydrocarbures (Snh) et des prêts chinois énormes.
Cette occurrence souligne du reste une nouvelle orientation politique des pays occidentaux qui s’étaient impliqués dans cette guerre camerounaise dans l’optique de leurs propres calculs géopolitiques ou pétrostratégiques.