Par Arlette Akoumou Nga
Au lendemain du 7 octobre, beaucoup d’Arabes ont applaudi ce qu’ils considéraient comme une victoire de la résistance palestinienne. Après la riposte israélienne, les appels au boycott se sont multipliés dans le monde arabe. Faute de produits israéliens, ceux des alliés de Tel-Aviv ont été visés. Les boissons gazeuses et les fast-food américains, très répandus dans le monde arabe, en ont largement fait les frais.
Un certain vendeur de hamburger a perdu la moitié de son chiffre d’affaires, tandis que des marques locales de sodas ont vu leurs ventes s’envoler. Même le géant suisse des boissons et produits alimentaires a vu ses sachets de thé, ses cafés solubles et ses eaux minérales prendre la poussière des supermarchés. Toutefois, les campagnes de pub et l’usure des appels au boycott font que la consommation est presque revenue au point de départ. Et sur le plan diplomatique, le soutien n’a pas été indéfectible non plus.
La seule véritable riposte d’un État est venue de l’Iran
D’abord parce qu’une bonne moitié des pays arabes a désormais des relations plus ou moins directes avec Israël. Les gouvernements ont tous réprouvé, fustigé, stigmatisé et condamné avec plus ou moins de conviction. Mais il est difficile de distinguer les véritables saillies envers l’État hébreu des prises de parole pour satisfaire l’opinion publique intérieure et éviter les désordres que pourraient entraîner des manifestations pro palestiniennes. Plus globalement, hormis le refus saoudien de toute normalisation sans l’établissement d’un État palestinien, le conflit n’a pas fait bouger les lignes au-delà des critiques verbales. Et seuls les médiateurs traditionnels (Égypte, Qatar) se sont impliqués directement dans des négociations de paix. La riposte étatique la plus forte est venue mardi de tirs de missiles iraniens.
En dehors du Yémen, les manifestations dans le monde arabe ont été plus que sporadiques. Et à quelques exceptions près, comme la chaîne de télévision Al Jazeera, la plupart des médias arabes n’ont jamais montré de complaisance avec le Hamas. Un mouvement apparenté aux Frères Musulmans, une confrérie interdite dans plusieurs pays arabes. Notons par exemple que c’est l’Afrique du Sud, et non les pays arabes, qui a engagé une procédure contre Israël pour génocide devant la Cour internationale de Justice.
Pour retrouver de vraies tendances à un soutien indéfectible à Gaza et aux Palestiniens, il faut se tourner vers les réseaux sociaux. On y retrouve des appels à célébrer le 7 octobre, le déluge d’Al Aqsa, l’ouragan de la libération. Reste que le nom du Hamas n’émerge pas toujours, voire reste discret. Même si l’idée que le 7 octobre a permis de changer la vision du monde à l’égard de la cause palestinienne a fait son bout de chemin.