Par Sandra Embollo
L’opposition en Turquie se mobilise ce jeudi 31 octobre pour dénoncer l’arrestation et le remplacement d’un élu d’arrondissement d’Istanbul accusé de terrorisme, au moment où les autorités tendent la main aux responsables du Pkk.
Les deux principaux partis de l’opposition parlementaire, le CHP de centre-gauche, et le Dem (ex-Hdp, pro-kurde) ont donné rendez-vous à leurs partisans devant la municipalité d’Esenyurt, afin de dénoncer l’« arrestation sans fondement », la veille, du maire Chp.
Remplacement de ce maire d’arrondissement
Ahmet Özer, un sociologue reconnu, avait été élu en mars grâce à une alliance informelle entre le principal parti d’opposition turc, le Chp, et ce parti de gauche pro-kurde. À l’évidence, les autorités avaient préparé de longue date un « dossier » contre lui : le parquet antiterroriste l’accuse d’avoir été en relation, ces dix dernières années, avec près de 700 membres du Pkk, dont l’un de ses dirigeants.
Cela n’avait pas empêché sa candidature d’être validée et Ahmet Özer d’être élu avec 49% des voix, loin devant le candidat du pouvoir, dans l’arrondissement d’Esenyurt, le plus peuplé d’Istanbul et de toute la Turquie. Une large partie de ses 980 000 habitants sont d’origine kurde, tout comme le maire incarcéré.
Le ministère de l’Intérieur a nommé à sa place le vice-préfet d’Istanbul, une pratique qui rappelle celle utilisée par les autorités pour remplacer les maires pro-kurdes du sud-est de la Turquie. Le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, y voit surtout une attaque contre l’un de ses proches et une façon pour le pouvoir de resserrer l’étau sur la ville. Rival potentiel de Recep Tayyip Erdogan à la prochaine présidentielle, Ekrem Imamoglu risque lui aussi de voir une peine de prison et d’inéligibilité pour « insulte » confirmée en appel dans les prochains mois.