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Cameroun | Grève des enseignants: La réaction de l’honorable Jean Michel Nintcheu

Par panorama papers
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Par Sandra Embollo

Depuis pratiquement un mois, le Cameroun est particulièrement secoué par la grève des enseignants réunis au sein du mouvement OTS. Les enseignants du primaire ont également envoyé un préavis de grève. Si rien n’est fait dans l’urgence, on observera de ce fait une paralysie totale du secteur de l’éducation qui est un droit fondamental et inaliénable du citoyen inscrit dans notre Constitution et ratifié par le Cameroun à travers différents instruments juridiques internationaux.

Je suis solidaire des revendications des enseignants qui n’ont que trop souffert. Il faut être criminel pour ne pas compatir à leurs souffrances. Ils sont ceux sans qui le pays ne serait et ne sera rien. Courant mars 2022, le gouvernement avait promis de satisfaire à toutes leurs revendications au plus tard en août 2023. Nous voici rendus au début du mois d’octobre, la promesse gouvernementale n’a pas été tenue. Il est désormais question d’un rééchelonnement jusqu’à fin 2025. Yaoundé a décidément érigé le mensonge et la roublardise en méthode de gouvernement. La preuve est qu’en 2016 et plus précisément le vendredi 02 décembre 2016, s’est tenue à la Primature une concertation à laquelle ont pris part le ministre de l’enseignement supérieur par ailleurs Président du Comité Interministériel de suivi des questions liées aux enseignants, le ministre de l’éducation de base et le ministre des enseignements secondaires, membres dudit Comité et les représentants des syndicats des enseignants du primaire et du secondaire. Les participants étaient convenus de la tenue du forum national de l’éducation en 2017. Forum qui devait regrouper tous les acteurs de l’éducation, à l’effet d’examiner en profondeur les initiatives et mesures susceptibles d’améliorer la qualité des enseignements maternel, primaire et secondaire. Il était également convenus de l’intégration des instituteurs et des contractuels suivant un calendrier bien défini. Le communiqué sanctionnant ces travaux avait été conjointement signé par le secrétaire général des services du Premier ministre et les trois ministres sus-cités.
Sept ans après, les mêmes problèmes demeurent. La situation s’est aggravée.
Parmi les réclamations des enseignants, figurent désormais l’attribution des matricules aux enseignants en attente de leur solde, le statut particulier de l’enseignant, le paiement des compléments de salaire, le paiement des avancements dont les arrêtés sont disponibles, l’intégration des vacataires etc.

Le régime de Yaoundé, fidèle à son habitude, veut une fois de plus jouer à la roublardise. Ce régime doit sortir des menaces, des discours et éventuellement des promesses proclamées pour du concret. Tous ces problèmes soulevés par les enseignants peuvent et doivent être réglés. L’impact financier se situe autour de 180 milliards de FCFA.

En tant que Député de la nation, j’avais proposé, et c’est toujours d’actualité, que pour résoudre ce problème, en plus de sanctionner tous les responsables de cette inertie, il suffit sur le plan financier de pourchasser les gaspillages et de supprimer les dépenses inutiles et improductives contenus dans les différentes lois des finances. Nos lois des finances comportent des lignes opaques et des niches budgétivores:

1- La ligne 65 intitulée “Interventions de l’État en fonctionnement” qui a pour objectif de couvrir les charges non réparties de l’État en fonctionnement. Toutes les institutions de l’État bénéficient pourtant déjà d’un budget de fonctionnement.

2- La ligne 94 intitulée “Interventions de l’État en investissements” qui a pour objectifs entre autres d’assurer les charges non prévues de l’Etat en investissements. Cette ligne qui consacre la discrimination institutionnelle quand il s’agit de financer les particuliers, ne contient aucune information sur les critères de sélection des bénéficiaires, la nature des bénéficiaires ainsi que les montants à allouer à chaque bénéficiaire.
Cette ligne est porteuse de tripatouillages, de dissimulations et de maquillages du fait que les actions à entreprendre n’ont jamais été élucidées à l’avance et les comptes d’emploi n’ont jamais été détaillés dans la loi de règlement. C’est une ligne fourre-tout de détournements de deniers publics à grande échelle.

3- Les dépenses de fonctionnement somptuaires:
Les différentes lois des finances comportent toujours des dépenses stratosphériques et brumeuses à même de renverser plus d’un camerounais à qui le régime de Yaoundé demande de faire preuve de résilience.
Les dépenses de personnel sont devenues un véritable serpent de mer. Où en est-on avec l’assainissement du fichier solde de l’État ? Pourquoi ne rend t-on pas public la liste des fonctionnaires fictifs, leur matricule ainsi que le préjudice causé par chacun d’eux à l’État. De quoi a-t-on peur? La saignée continue manifestement.

b- Dépenses des biens et services. En 2022, date du début du déploiement du mouvement OTS, ces dépenses se chiffraient à 858,589 milliards de FCFA dont:

  • 66,382 milliards de FCFA pour l’eau, l’électricité, le gaz et autres.
  • 80,346 milliards de FCFA pour les matières, matériels et fournitures
  • 58,3 milliards de FCFA pour les frais de transport et de mission.
  • 16,54 milliards de FCFA pour le loyer
  • 223,426 milliards de FCFA pour le mobilier et matériel de logement et de bureau.

Pour résoudre les effets financiers réclamés par les enseignants OTS, il faut, dans le cadre du budget de l’exercice 2024, cisailler de façon claire, limpide et utile les allocations budgétaires contenues dans les lignes budgétaires que je viens d’énumérer et affecter le gain de productivité tiré de cette opération à la résolution des problèmes cruciaux soulevés par le mouvement OTS. Qu’on ne nous proclame pas que l’État n’a pas de moyens sans avoir au préalable réduit son train de vie. Une chirurgie sur les dépenses de fonctionnement de l’État s’impose avant toute chose.

Pour provoquer l’effondrement d’un pays, il suffit d’assassiner son éducation. Yaoundé a décidé d’assassiner l’éducation. Et c’est vers cette catastrophe que le régime de Yaoundé veut nous conduire. Sinon quel est un autre corps de la fonction publique à qui l’État doit autant d’argent ? Qu’est-ce qui peut justifier qu’un inspecteur de police catégorie B puisse avoir un net perçu mensuel supérieur de près de 100.000 FCFA à celui d’un enseignant de catégorie A2 sorti de l’Ecole normale supérieure ? Idem pour un sergent de l’armée. En Corée du Sud, en Chine et en Inde, l’enseignant est le mieux payé dans la fonction publique. J’oubliais que ce sont des pays normaux.

Hon. Jean Michel NINTCHEU
Député

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