Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Il a illustré les trois termes en utilisant cinq points de l’actualité nationale, tout en précisant d’entrée de jeu qu’il n’y a dans son esprit aucune volonté de manquer de respect à qui que ce soit ; qu’il ne peut pas se soustraire à l’obligation d’éclairer les Camerounais sur la marche de leur pays. Le 1er point est le calvaire et le traitement indigent des enseignants « on a trop souffert », en abrégé Ots. En 2ème point, la tragédie du mont Mbankolo ; troisièmement, la décoration choquante des membres de la Task Force pour la Can 2019-2022 et la Covid-19. Quatrièmement, la réaction indigente du gouvernement face à l’expansion du phénomène des coups d’Etat en Afrique et cinquièmement, le martyr sans fin du Mrc dans la région du Sud.
1* Le Calvaire et le traitement déshumanisant des enseignants Ots
« Au premier point, le calvaire des enseignants et le traitement déshumanisant des enseignants Ots. J’ai mal, j’ai vraiment mal au moment de parler de cette affaire. Le traitement qu’on réserve aux enseignants qui demandent qu’on leur paie leur dû, l’Etat doit effectivement les accueillir dans ce sens. Hormis le fait que leur traitement est insuffisant – que les conditions dans lesquelles ils exercent pour former le futur du Cameroun, c’est-à-dire la jeunesse, dans 20 ans, dans 30 ans, dans 15 ans- qu’ils souffrent de la sorte est inacceptable. Que même le peu qui leur est dû selon les textes arrêtés ne leur soit pas versé, est insupportable ! Qu’est-ce qu’il y a de plus légitime qu’une telle demande ? J’ai mal pourquoi ? Parce que devant une telle revendication, on réagit comme toujours, ou on sur-réagit dans notre pays par des répressions. Je ne peux pas vous dire combien de cas d’enseignants ont été portés à ma connaissance qui ont fait l’objet d’affectations disciplinaires depuis que Ots a repris avec la grève ! Ce n’est pas un sujet politique, ce n’est pas un sujet partisan. Ce n’est pas seulement en tant que dirigeant d’un parti politique mais en tant que parent, comme citoyen de ce pays ! L’éducation n’a pas de couleur politique. On ne peut pas les traiter de cette manière disette ! Je voudrais rappeler aux uns et aux autres que dans un pays, il y a trois corps en particulier qui méritent une attention spéciale. Le premier grand corps, ce sont les Forces de défense et de sécurité. Sans la sécurité, vous ne pouvez rien assurer ni à titre individuel, ni à titre collectif en tant que pays. Le deuxième corps, est la Santé. Si vous n’êtes pas en santé, vous ne pouvez rien faire. Le troisième corps, c’est l’Education. Ce sont les trois, non pas que les autres corps soient moins importants mais ces derniers constituent le socle sur lequel tout pays, toute Nation reposent. Nous ne devons donc pas aborder ces questions-là avec la lorgnette ou les prismes politiciens. C’est une question qui interpelle la Nation et je voudrais exhorter les pouvoirs publics à aborder cette question de cette façon-là. Depuis que la grève a repris cette année, vous avez constaté que le Mrc ne s’est pas exprimé là-dessus. Nous avions au moins deux bonnes raisons. La première c’est que nous étions convaincus que l’Etat prendrait ses responsabilités et ne laisserait pas une telle situation perdurer parce qu’à l’évidence nous détruisons le tissu social. J’ai vu une vidéo circuler sur la toile avec les collégiens devant les services du gouverneur du Sud, faisant solidarité, corps avec leurs enseignants. Parce que ce n’est pas une affaire des seuls enseignants, c’est une affaire des parents partout dans le monde. Si vous avez un enfant qui va à l’école chaque jour et que subitement, il ne va plus à l’école, cela concerne aussi le parent qui doit être inquiet. Nous n’avons pas réagi parce que nous attendions que le gouvernement prenne ses responsabilités. La deuxième raison c’est que l’année dernière, en 2022, nous avons fait des propositions concrètes en tenant compte justement des contraintes financières de l’Etat, en tant que parti responsable, qui est prêt à gouverner ce pays, nous faisions des propositions que nous-mêmes nous aurions appliquées si nous étions au pouvoir. Notre solution avait deux volets : nous avons dit que l’Etat doit faire un effort à ce que tous les enseignants soient payés à 50% immédiatement et le reste des 50% serait titrisé, c’est-à-dire payés sous forme de titre du trésor. Un titre est en fait un document qui vous permet de pouvoir vous approcher d’une banque pour obtenir de l’argent. C’est un document qui donne l’assurance de toute façon que l’Etat le paiera à coup sûr. Je pense que les enseignants n’ont pas compris notre discours, en tout cas certains d’entre eux, qui ont préféré céder aux sirènes du gouvernement à travers les réunions. Au cours d’une réunion, en mars 2022, le gouvernement a promis qu’en mars en 2023, que tous les problèmes des enseignants seraient réglés, nous sommes en octobre, ça n’a pas été fait. Il faut que ceux qui sont en charge des affaires publiques règlent cette affaire. C’est cela qui me rend triste, non pas parce que je suis enseignant et que je comprends parfaitement la situation des enseignants. Si je vous dis mon salaire au moment où j’allais à la retraite alors que j’étais dans le grade le plus élevé de l’enseignement supérieur, vous n’allez pas me croire. Mais on travaille parce qu’on aime le pays, même si on a des offres meilleures ailleurs, on reste au pays ! Il faut que les autorités soient conscientes de cela. Ne détruisons pas notre pays à cause des négligences qui sont coupables. Je voudrais dire toute la solidarité du Mrc pour les revendications légitimes des enseignants. Je ne peux pas terminer ce point sans attirer l’attention des Camerounais sur une chose : à chaque fois qu’il y a un problème social et que les partis politiques veulent en parler, on dit que c’est de la récupération politique. Oui, je récupère, c’est mon devoir en tant que politique. Est-ce que ceux des enseignants qui n’ont pas de salaire sont seulement du Mrc ? J’ai même entendu certains déclarer leur amour sans bornes pour le Rdpc ! On les a appelés par derrière pour payer leur salaire peut-être ! Mais, il faut qu’ils sachent, il faut que tous les Camerounais sachent que nous devons avoir un comportement citoyen, où il faut que chacun respecte et protège le devenir du Cameroun. Il ne faut pas avoir un sentiment de honte lorsque nous défendons, sans concession, avec courage et détermination, l’avenir de notre pays. On ne peut pas demander à quelqu’un qui n’arrive pas à encadrer sa famille d’aller encadrer les enfants. C’est aussi simple que cela. Cessez de dire « moi, je ne fais pas de la politique ! » Les autres feront de la politique à votre place ! On ne vous demande pas de militer au Mrc, je ne vous demande pas de militer dans quelque parti que ce soit, mais on peut défendre ses droits en tant que citoyen sans avoir besoin de militer dans un parti. Soyez des citoyens conscients et responsables. Alors que nous avons des revendications légitimes, nous devons cesser de nous taire et de pleurer dans notre coin.
2* Sur la réaction du gouvernement sur la tragédie du mont Mbankolo
« On est partagé entre le sentiment d’une incompétence sidérant et un sentiment de légèreté. Incompétence, pourquoi ? J’ai déjà dit que ce n’est pas mon rôle d’accuser qui que ce soit ou de juger comme je le vois dans les réseaux sociaux. Ce n’est pas mon job. Lorsqu’un gouvernement est face à une catastrophe, il y a des manières de réagir, universellement établies. Vous me direz qu’il y a eu la visite d’au moins deux membres du gouvernement sur le site, c’est vrai, c’est un constat ! Mais lorsqu’il y a un événement du genre, le premier réflexe est de tenir une réunion de crise interministérielle. C’est-à-dire qu’on invite tous les acteurs du gouvernement qui doivent intervenir en pareille circonstance. Ce n’est pas l’affaire d’un seul département ministériel, mais c’est l’affaire de plusieurs ministères concernés. Pourquoi ? Parce que lorsque vous avez un tel désastre, ça implique les affaires de logement, de santé, de sécurité, ça implique des questions de psychologie et naturellement, il y a des questions financières. Cette réunion doit pouvoir répartir les tâches. Qui fait quoi ? Bien sûr, il existe une direction de la Protection civile au ministère de l’Administration territoriale, qui a ses propres responsabilités, mais qui n’a pas à être toute seule, l’ensemble des ressources humaines et des équipements. J’étais encore sur le site (le mardi 10 octobre 2023. Le drame a eu lieu le dimanche 8 octobre) et j’entendais des populations nous interpeller en disant qu’il y a encore des corps dans le bas, vous devez nous aider à les sortir de là. Et comment moi, je fais ? Je leur ai dit que nous sommes un parti politique venu vous exprimer notre compassion. Mais personne ne peut remplacer l’Etat dans ses responsabilités ! Et justement en pareille circonstance, je me serai attendu à voir sur le terrain des sapeurs-pompiers en train d’aider à sortir les corps jusqu’à ce le dernier corps soit sorti, aussi longtemps que cela serait nécessaire. On se serait attendu à voir des cellules de suivi psychologique ! Que pensez-vous d’une personne qui a vu sa maison partir avec l’enfant à l’intérieur ? Vous croyez que mentalement cette personne est encore sereine ? Elle est sous le choc ! Le choc psychologique qui peut laisser des séquelles qu’on ne peut pas résorber. Nous avons vu sur le site deux membres du gouvernement dont l’un vient dire, et il croyait bien faire, que le président de la République a envoyé des matelas. Je ne sais pas s’il mesure lui-même, le dommage qu’il a porté à l’image du chef de l’Etat ! Dans toute sa sagesse et sa longue expérience, il n’a trouvé à envoyer en place où il n’y avait plus de maison, où il n’y avait plus que de la boue, en saison des pluies, qu’est-ce qu’il a trouvé à envoyer ? Des matelas ! Il faut qu’à un moment donné, on cherche raison gardée, des responsables. On n’a pas besoin, pour montrer son amour sans bornes pour le chef d’Etat, d’entrer dans ce genre de pratiques. Il se trouve que certaines familles ont été installées dans la maison de permanence du Rdpc. Très bien. Une vingtaine de familles. D’après nos investigations, il y a eu dix matelas récupérés. Au moment où nous vous parlons, nous avons pu recenser au moins 18 blessés. Dans le communiqué du ministre de la Communication Porte-parole du gouvernement, il était question que le gouvernement prenne en charge, totalement en charge, les familles sinistrées, notamment en les recasant, notamment sur le plan nutritionnel. Nos investigations montrent que peu de familles ont reçu de l’aide. Je dis que nous étions sur le terrain, avoir entendu et vu. C’est ce que j’appelle une incompétence sidérant. Lorsque vous êtes dans une telle de crise, ne pas parler des structures qui auraient pu héberger temporairement ces personnes est aberrant! Qu’est-ce qu’on fait du Palais des sports ? On aurait pu les installer là-bas ! L’Etat ne manque pas d’infrastructures qui auraient pu héberger temporairement ces personnes ! L’Etat a le pouvoir de réquisition ! L’Etat peut réquisitionner ! Mettre en garde les particuliers et leur dire que nous allons loger les victimes là, le temps qu’on puisse les recaser. Ce qu’il faut savoir en plus est qu’au Cameroun, la protection civile fait l’objet d’une attention particulière. Le budget de la Direction de la Protection civile logé au Minat n’est pas négligeable. Il est en 2023 de 7,3 milliards de Fcfa sur les 40,4 milliards du budget du Minat. 40 milliards 400 millions. Le budget de la protection civile est en augmentation de 10% et le budget du Minat est passé de 36,4 milliards à 40,4 milliards ; donc il y a eu près de 4 milliards d’augmentation. Nous ne devrons donc pas affronter ce drame avec une telle indigence. Le contribuable paie les impôts ! »
3* Au sujet de la décoration choquante des membres de la Task Force et de la Can 2019-2022 et de la Covid-19.
« Qu’est-ce qui aurait pu justifier cette décoration ? Tout militait pour que cette décoration n’ait jamais lieu. Vous ne pouvez pas être dans une situation où les gens ont été clairement poursuivis, pointés du doigt pour leur mauvaise gestion et vous les décorez. Prenons d’abord la Can. Ce n’est pas vous et moi, qui avions dit, pour ne prendre que le complexe d’Olembé, que le projet n’a été réduit qu’à la construction du stade alors qu’il devait également accueillir un hôtel de classe internationale, d’autres entités sportives et on a construit rien que le stade. De surcroît, la construction de ce stade est inachevée à ce jour. Elle est inachevée ! Donc, on a accueilli la Coupe d’Afrique des Nations, et amené le président de la République du Cameroun dans un stade inachevé et de surcroît portant son nom. Et ce sont les mêmes qui vont chanter tous les jours qu’ils l’aiment beaucoup. On a fait plusieurs avenants au contrat initial. On a vu les pantalonnades avec Magil, çà et là. Et on décore les gens pour ça ? Nous savons tous ce qui s’est dit, pour les stades de Douala, pour les stades de Yaoundé, où un des responsables d’une entreprise adjudicataire de ce marché a donné des chiffres. D’où vient-il qu’un sac de ciment coûte 14000 Fcfa ? Ce que je veux dire est qu’on a organisé la décoration de ces personnes ! Pourquoi on ajoute à notre douleur, l’insulte ? Cette façon de mépriser les Camerounais que nous dirigeons n’est pas bien. On a le sentiment d’entendre dire : « on a fait qu’est-ce que vous pouvez faire en retour ? » Ce n’est pas bien parce que nous créons un état psychologique Les choses deviennent incontrôlables, difficiles à gérer. En ce qui Concerne le Covid-19, c’est le gouvernement lui-même, ce n’est même pas l’opinion publique camerounaise qui a avancé des chiffres. Comment est-ce qu’un rapport d’audit donné par la Chambre des comptes, demandé par le gouvernement, arrive avec des choses terribles, dit qu’il y a eu des abus dans l’attribution des marchés, dans l’exécution des marchés, a recensé 36 fautes de gestion ! Cela veut dire qu’il y a eu des actes irréguliers qui ont entraîné des pertes de deniers publics. Que ce soit par la corruption, que ce soit par la surfacturation et autres. Ce n’est pas à la Chambre des comptes de dire qu’il y a eu corruption. Elle fait un rapport d’audit. La qualification des faits appartient au juge pénal. C’est pour cela qu’on a engagé des procédures pénales devant le Tcs à un moment donné, et puis silence ! Quand j’ai écouté les discours, accompagnant ces décorations, je me suis demandé, est-il adressé au peuple camerounais, à l’opinion publique camerounaise, ou bien c’est un pic qu’un camp de ceux qui sont aux affaires jettent à l’autre camp. Comme pour dire, vous avez engagé des procédures judiciaires, eh bien nous décorons les concernés. Est-ce qu’on avait besoin de tenir les propos injurieux à l’endroit des Camerounais ? En disant par exemple, « les gens qui sont dans la spéculation », des formules discourtoises ! Si c’est nous qui parlions de cette manière on va dire que nous manquons de respect ! Comment un des plus hauts dirigeants du pays peut-il tenir ce genre de langage ? Ils doivent garder leur sang-froid, c’est leur fonction qui leur impose cela ! Nous avons là un vrai problème et je pense qu’au fait même de la décoration qui était en elle-même choquante, on a ajouté la provocation. On va provoquer le peuple camerounais jusqu’à quand ? Je le pense, ils ont étudié le profil psychologique de la population camerounaise. Nous sommes prêts à accepter sans nuire ! Comme je le disais tout à l’heure, capacité de résilience, incapacité d’indignation collective ! Ils savent que tout passe ! Tout ! »
4* L’indigence du gouvernement en réaction à la prolifération des coups d’Etat en Afrique.
« A la suite du coup d’Etat intervenu au Gabon, je crois en début septembre dernier, le gouvernement a fait un communiqué un mois après pour condamner ceux qui spéculent sur l’hypothèse d’un coup d’Etat au Cameroun, et condamne la prise du pouvoir par les moyens anticonstitutionnels, c’est-à-dire les coups d’Etat militaires. C’est une position que nous partageons et que nous défendons. Mais ce qui choque, ce qui est inacceptable, c’est qu’à aucun moment dans ce communiqué, le Porte-parole du gouvernement n’a condamné de façon officielle le Rdpc qui a officiellement appelé au coup d’Etat au cas où le candidat du Mrc sortirait vainqueur de l’élection présidentielle de 2025 ou avant. Vous condamnez le principe du coup d’Etat et les communicants viennent sur les plateaux de grand débats tenir des propos qui n’ont jamais été démentis ou condamnés, sur la possibilité du coup d’Etat si le candidat du Mrc remporte la prochaine élection présidentielle. Même de manière allusive, le Porte-parole du gouvernement s’est abstenu. C’est grave ! Le gouvernement nous fait savoir qu’il y aurait deux types de coup d’Etat : le bon et le mauvais. Le mauvais, c’est celui qui viserait à faire perdre le pouvoir au Rdpc ! Le bon coup d’Etat, c’est celui qui empêcherait le Mrc d’arriver au pouvoir. Celui qui permettrait au Rdpc de conserver ad vitam aeternam le pouvoir. Est-ce que c’est une logique, une telle gymnastique intellectuelle est-elle soutenable ? Pourquoi ne pas condamner la sortie du communicant du Rdpc appelant au coup d’Etat si le Mrc remporte la victoire en 2025 ? Le gouvernement fait un communiqué ridicule comme celui-là. Et ça va peser lourd dans l’histoire de notre pays ! J’en suis aujourd’hui à me poser la question suivante : ces gens ont-ils déjà oublié ce qui s’était passé en avril 1984 ? Ce ne sont pas eux-mêmes qui célèbrent des anniversaires en versant des larmes de crocodile ? Ils disent qu’ils aiment le président en fonction et tolèrent les gens qui appellent au coup d’Etat alors qu’il a failli être renversé par un coup d’Etat ? Dites-moi où est la logique ! Est-ce vraiment un soutien au chef de l’Etat ? Peut-on faire des discriminations en matière de coup d’Etat ? Dans ce contexte ? Je me demande si les uns et les autres ont fait face à ce qui s’est passé en 1984 ! A peine un an après son arrivée au pouvoir, il a fait face au coup d’Etat ! Et vous dites que vous soutenez le régime ? Cette affaire n’est pas terminée car nous allons parler et en parler encore ! Tant qu’il n’aura pas présenté des excuses au peuple camerounais, nous serons sur la brèche. Il faut qu’ils le sachent. Je pense donc que ces gens se sont assignés la mission de conserver le pouvoir pour toujours. C’est une illusion. Car tout pouvoir humain finit par finir. Les gens doivent se préparer pour que les Camerounais soient à mesure de vivre tranquillement en paix, ensemble. »
5* Le martyr sans fin du Mrc dans le Sud
« Je ne vais pas rentrer très loin pour en parler. D’abord vous rappeler que le 26 août 2023, notre parti organisait ses élections internes dans le Sud. Après avoir fait comme dans les autres régions du pays, une correspondance officielle à Monsieur le gouverneur de la région du Sud pour l’informer et en précisant le calendrier. Nous l’avons fait dans toutes autres régions. Mais au Sud, qu’elle n’a pas été notre surprise, que des élections que se tenaient dans des maisons, ce n’était pas sur la place publique, ce n’était pas dans les halls pour accueillir des milliers, des centaines de personnes ! Non ! Parce que chez nous, le corps électoral est bien calibré et va en diminuant à partir de la base puisque les membres du bureau communal élisent les départementaux, et ceux-ci élisent les régionaux. Le corps électoral se rétrécit. Mais vous avez tous été témoins des violences perpétrées sur nos camarades à Ebolowa et à Sangmélima pourtant les autorités administratives étaient dûment informées. C’est pour attirer votre attention les médias, vous avez une lourde responsabilité ! Vous ne pouvez pas dire que vous êtes le quatrième pouvoir et ne pas vous engager dans la recherche de l’information ! Je ne vous apprends pas votre travail ! Lorsqu’il s’agit de la vie de la Nation, il n’est pas question de faire ce que je vois nombre d’entre vous faire à longueur de journée sur les plateaux de télévision. Nous n’avons jamais mené une activité publique au Cameroun sans la déclarer ! Jamais ! Au contraire, nous passons notre temps à interpeller les pouvoirs publics sur l’application de la loi de 1990. Ce n’est pas nous qui l’avons créée. La loi dit que vous faites la déclaration et l’autorité administrative est tenue de vous délivrer immédiatement, c’est dans la loi, ce n’est pas moi qui l’ai rédigée. Elle ne doit pas vous demander de revenir ! C’est sur le champ ! Et l’autorité administrative a également le droit de dire que je ne vous délivre pas l’autorisation parce que le lieu n’est pas bon, je vous affecte un autre endroit. Les interdictions, quand elles ont eu lieu ont été toujours prises par des autorités incompétentes ! Je ne reviens pas sur les marches de septembre 2020 qui ont été déclarées, comme toutes les marches, même de 2019 dans toutes circonscriptions où les gens allaient marcher. Je vous mets au défi de présenter une décision d’un sous-préfet interdisant la marche ! C’est le Minat qui prend des initiatives. Or en matière de sécurité, c’est un pouvoir lié ! C’est de la compétence du sous-préfet et non pas celle du Minat. Ce n’est pas un domaine où on peut dire qui peut le plus peut le moins. Non ! Ni le préfet, ni le gouverneur ne peuvent intervenir. C’est le sous-préfet. Le législateur a voulu que c’est celui qui est le plus proche du terrain, qui connaît la situation, que ce dernier puisse décider. Nous n’avons jamais eu de manifestations sans déclarer ! Et comment a-t-on brutalisé nos amis dans le Sud, pour une élection interne ? Ce n’est pas sur la voie publique ! Dites-moi quelle est la logique ? Qu’est-ce qui peut justifier cela ? Le deuxième élément est celui qui vient de se produire. Nous avons déclaré depuis le 25 septembre 2023 par un courrier déposé avec décharge à la sous-préfecture notre meeting d’installation des responsables du Mrc dans le Sud. Le même jour, personne ne nous a dit qu’il y avait un évènement prévu le même jour ou au même endroit. Désormais on a vu sur les réseaux sociaux un arrêté du sous-préfet d’Ebolowa 2ème qui interdit le meeting du Mrc à Ebolowa, le samedi 14 octobre 2023. Cela peut arriver comment ? Nos responsables du Sud, n’ayant pas toujours eu la réaction du sous-préfet, vont à la sous-préfecture pour s’enquérir. Et là, le sous-préfet d’Ebolowa 1er invite son homologue d’Ebolowa 2ème qu’ils essaient ensemble de tenir un discours pour convaincre les responsables du Mrc de ne pas organiser leur meeting d’installation le 14. La première raison est que la Première Dame va distribuer des dons dans la région du Sud ; la deuxième est que le secrétaire général (Sg) du Comité central du Rdpc sera en tournée auprès de sa base la même période.
Et on demande à nos responsables de nous rendre compte, ce qui est fait. Nous échangeons en indiquant qu’aucun motif invoqué par le sous-préfet n’est de nature d’une part à causer un trouble à l’ordre public, d’autre part à empêcher la tenue de cette réunion. Premièrement parce que notre meeting ne se tiendra pas au même endroit que les manifestations éventuelles prévues par la Première Dame et la réunion du Sg du Comité central dont on nous dit qu’elle devrait avoir lieu à la permanence du Rdpc. Notre meeting ne devrait pas avoir lieu à la permanence du Rdpc. Nous avons demandé une structure homologuée au délégué régional des Sports qui n’avait pas opposé de refus. On répond de cette façon-là au sous-préfet en lui disant que nous ne voyons pas vraiment pourquoi nous devons reporter notre manifestation. Je ne sais pas si à l’heure où nous parlons, il se tient un meeting du Rdpc à Ebolowa. Je dis que, même si c’était le cas, notre meeting ne se tenait pas à la permanence du Rdpc, nous avons demandé le stade. Voilà ce que Monsieur le sous-préfet invoque dans son arrêté. »