Par Arlette Akoumou Nga
Le président tunisien Kaïs Saïed a dénoncé, mercredi 1er novembre, des complicités et une “opération planifiée depuis des mois” après l’évasion, la veille, de cinq hommes impliqués dans des attaques “terroristes” de la plus grande prison du pays.
“L’opération préméditée d’hier n’était pas une évasion. Tous les éléments indiquent que l’opération était planifiée depuis plusieurs mois”.
a assuré Kaïs Saïed dans une vidéo, lors d’une rencontre avec son ministre de l’Intérieur Kamel Feki.
“Ce qui s’est passé n’est pas acceptable, c’est un échec pour les forces de sécurité et certains individus et ils doivent être poursuivis”.
a-t-il ajouté.
Selon lui, il y a de la part de certaines personnes, qu’il n’a pas identifiées, une volonté de “porter atteinte à l’État, en collaborant avec les mouvements sionistes et des parties de l’intérieur du pays”. Après cette évasion de la prison de Mornaguia, censée être la mieux surveillée de Tunisie, deux hauts dirigeants du ministère de l’Intérieur, dont le directeur des renseignements généraux, et le directeur de la prison, rattaché au ministère de la Justice, ont été limogés.
Ahmed Melki fait partie des fugitifs
Les cinq hommes, qui se sont évadés mardi à l’aube, sont considérés comme “dangereux” et la plupart étaient affiliés aux organisations jihadistes Ansar al-Charia et Al-Qaïda. Ils sont passibles “de peines de prison liées à des affaires terroristes”, avait indiqué le ministère de l’Intérieur. Parmi les fugitifs figure Ahmed Melki, 44 ans, surnommé “le Somalien”, impliqué dans des assassinats de politiciens de l’opposition, revendiqués par des islamistes extrémistes.
Interpellé en 2014, il a été le principal accusé pour le meurtre, le 25 juillet 2013, du député de gauche Mohamed Brahmi. Il a aussi été impliqué dans l’assassinat le 6 février 2013 à Tunis de l’opposant de gauche Chokri Belaïd. L’enquête sur ces deux meurtres n’est toujours pas bouclée.
Ces assassinats, qui avaient choqué l’opinion publique tunisienne, avaient déclenché une grave crise politique qui avait obligé le parti d’inspiration islamiste Ennahda à céder le pouvoir, qu’il détenait depuis la Révolution démocratique de 2011, à un gouvernement de technocrates.
Après la révolte populaire de 2011 ayant causé la chute du dictateur Zine el-Abidine Ben Ali, la Tunisie a connu un essor des groupes jihadistes. Des attentats en Tunisie ont fait des dizaines de morts parmi les touristes (Sousse et Tunis en 2015) et les forces de sécurité.