Par Sandra Embollo
Rudy Giuliani, fer de lance de la campagne de l’ancien président Trump pour l’invalidation des résultats du scrutin de 2020, a déposé une demande devant le tribunal fédéral de Manhattan, sous le fameux chapitre 11 de la loi sur les faillites, déclarant 100 à 500 millions de dollars de dettes et un à dix millions de dollars de patrimoine, selon des documents judiciaires consultés par l’Afp.
Vendredi 15 décembre 2023, un jury d’un tribunal fédéral de la capitale Washington l’avait condamné à verser 148 millions de dollars d’indemnités et de dommages et intérêts pour préjudice moral à Ruby Freeman et à sa fille Wandrea Shaye Moss, deux agentes électorales de l’État de Géorgie (sud-est) lors de l’élection présidentielle de novembre 2020. Le scrutin fut remporté par le démocrate Joe Biden, mais le milliardaire républicain Donald Trump qui rêve de retourner à la Maison Blanche estime depuis plus de trois ans que la victoire lui a été volée.
Parmi les créanciers listés par Rudy Giuliani dans sa déclaration de faillite personnelle, on trouve les services des impôts fédéraux (IRS) et de l’État de New York (NYS Department of Taxation & Finance) pour des millions de dollars de dettes cumulées. Ainsi que des avocats, des sociétés de machines de vote électronique et le fils du président Biden, Hunter Biden.
Des mensonges dévastateurs pour les plaignantes
Vendredi dernier, la plaignante Mme Moss avait décrit les années « dévastatrices » vécues avec sa mère en raison des « mensonges de Rudy Giuliani », ancien avocat personnel. À partir d’une vidéo montrant la mère et sa fille se passant un objet – qui s’avérera être une pastille de menthe – lors du décompte des bulletins en Géorgie, Rudy Giuliani, 79 ans, juriste de formation, avait affirmé qu’elles échangeaient une clé USB « comme s’il s’agissait de doses d’héroïne ou de cocaïne » pour truquer les résultats.
Les deux femmes noires avaient raconté comment ces accusations, reprises par Donald Trump sur les réseaux sociaux, leur avaient valu un déferlement d’insultes et de menaces, souvent à caractère raciste. Après avoir reconnu en juillet la fausseté de ses accusations, Rudy Giuliani a affirmé vendredi dernier « n’avoir aucun doute que ses déclarations étaient soutenables à l’époque et l’étaient encore aujourd’hui », mais a dit avoir été empêché d’en apporter la preuve.
Rudy Giuliani est aussi poursuivi par le cabinet d’avocats qui l’a représenté pendant plusieurs années, Davidoff Hutcher & Citron, qui lui réclame 1,36 million de dollars d’impayés. Il est visé aussi au civil pour diffamation par les sociétés de machines de vote électronique Dominion et Smartmatic et par Hunter Biden pour violation de données électroniques sur sa vie privée.
Rudy Giuliani a également été inculpé au pénal en août par la justice de Géorgie avec Donald Trump et 17 autres personnes pour manipulations illicites afin d’inverser les résultats de l’élection de 2020 dans cet État-clé.