Par Julie Peh
Dans un arrêté préfectoral signé le mardi 16 juillet 2024, le préfet du département du Mfoundi Emmanuel Mariel Djikdent, a déclaré que « considérant les nécessités de préservation de l’ordre public », « est susceptible d’être frappée d’une interdiction de séjour dans le département (…) toute personne qui appelle au soulèvement contre les institutions de la République ; outrage dangereusement les institutions ou celui qui les incarne (ndlr : autrement dit le chef de l’État Paul Biya, même s’il n’est pas nommé) par tout moyen de communication suivi dans le département .
Devant plusieurs organes de presse Emmanuel Mariel Djikdent, s’est exprimé en disant qu’« il ne faudrait pas que les plateaux de télévision servent de tribunes pour appeler à un soulèvement ». Le préfet du Mfoundi considère comme de potentiels troubles à l’ordre public certains propos tenus dans les débats télévisés très suivis du dimanche. Il en appelle à la responsabilité sociétale des journalistes qui modèrent les débats et choisissent les invités.
Suite à cet arrêté préfectoral, le syndicat national des journalistes du Cameroun, (Snjc) dans une déclaration, a tenu à condamner cette décision qui porte atteinte à la liberté d’expression et d’opinion.
« Cet arrêté prend à contrepied le président de la république qui avait indiqué que les camerounais ne doivent pas aller au maquis pour s’exprimer. N’est ce pas une menace à peine voilée aux journalistes qui au quotidien doivent collecter, traiter et diffuser les informations ? S’interroge le Snjc , qui prend à témoin l’opinion nationale et internationale sur cette volonté administrative de museler la presse. »
Le Snjc conclut en demandant aux journalistes dont les médias sont installés dans le département du Mfoundi , « de ne pas céder à cette intimidation et de continuer sereinement leur travail au service du public. »