Par Fopoussi Fotso
L’immobilisme congénitale qui gangrène le régime Biya, combiné au vide qui a pris pied au sommet de l’Etat depuis 2018, a transformé les directions générales des entreprises publiques et autres fonctions ministérielles en de véritables rentes, dont les bénéficiaires du fait de leur longévité, d’ailleurs sans aucun contrôle réel, ne rendent plus compte qu’au bon Dieu, comme on dirait au quartier.
Inertie au sommet de l’État
Pour les entreprises publiques, la projection 2026 de la situation des dirigeants, à leur tête, montre que depuis des années le Cameroun s’éloigne de plus en plus de la République exemplaire dont se revendiquent les autorités. Dans une étude rendue publique le mardi 8 aout 2024, la professeure Viviane Ondoua Biwolé, experte en question de gouvernance, note que l’annee 2024 marque la fin de tous les mandats des directeurs généraux (Dg) et adjoints (Dga), ainsi que des présidents de conseil d’administration (Pca) déjà en poste au moment de la promulgation des lois de juillet 2017.
Durée réglementaire des mandats
Pour rappel, ces textes, fixent la durée des mandats des Pca à 6 ans et celle des Dg et Dga à 9 ans.
Tous les dirigeants d’entreprises dans l’illégalité en 2024.
Par conséquent note l’étude qui s’appuie sur un échantillon de 53 entreprises dont les informations sont disponibles, 21 des 46 entreprises auront au moins deux dirigeants illégaux, soit 45,65%, si des remplacements ne sont pas faits avant le 12 juillet 2026. En outre, 20 entreprises parmi ces 46 compteront tous les trois dirigeants illégaux, représentant 43,47%.
De plus, 4 entreprises n’ont pas de président de conseil d’administration : quand on sait que les actes pris par les 110 dirigeants concernés seront jugés illégaux et les actes de gestion pris seront frappés du saut de nullité, il est à craindre que 46 entreprises sur 53 soient exposées aux risques juridique et commercial importants.
Des ministres administrateurs d’entreprises.
Sur les 53 entreprises analysées, 46 auront, simultanément, au moins deux dirigeants sociaux illégaux, dont les mandats seront échus en 2026 ; ce qui représente 86,79% des entreprises étudiées.
L’étude note également que 4 postes de Pca sont vacants, qu’un dirigeant occupe en même temps un poste de DG et un autre de Dga dans deux entreprises différentes et que le président du Sénat, Marcel Niat Njifenji, est encore, en parfaite incompatibilité, membre du conseil d’administration d’Aluminium du Cameroun (Alucam).
Dans la même ligne que les constat de la professeure Biwole, les observateurs remarquent pour ce qui concerne les fonctions érecords mondiaux.
Records mondiaux de longévité.
A titre d’exemples, Adoum Gargoum, ministre de la Jeunesse et de l’Education Physique est en fonction non-stop depuis 25 an ; Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement Supérieur non-stop depuis 22 an ; Philippe Mbarga Mboa, ministre charge de3 mission à la Présidence de la République depuis 18 ans ; Issa Tchiroma Bakari, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, 30 ans ; Henri Eyebe Ayissi, ministre des Domaines, du cadastre et des Affaires foncières 32 ans ; Hamadou Moustapha, ministre Chargé de mission à la Présidence de la République, 47 ans ; Bello Bouba Maigari, Premier en 1982 et ministre depuis 1997.
- Les titres sont de la rédaction de Panorama Papers.