Par Mon’Esse
La chaîne de radio privée Capitale Fm, émettant depuis la capitale camerounaise, Yaoundé, a annoncé par voie de communiqué la suspension «tous ses programmes de manière provisoire». Tout son personnel est par conséquent mis en chômage technique à l’exception notable du metteur en ondes du chef du service du personnel, en charge d’assurer la permanence.
Au départ de cette mise en hibernation d’une chaîne inaugurée le 29 décembre 2021, le document évoque «un vaste plan de restructuration dans l’optique d’une réorganisation interne». Cruel destin, pour une station qui clamait être la conséquence d’un projet murement réfléchi il y a quelques mois encore.
En effet, interrogé en février par le site mediatudecmr son directeur général, Armand Okol, ne semblait point douter – du moins dans l’immédiat – de la santé éditoriale et financière de l’affaire. «On ne vient pas de nulle part. On a fait des enquêtes avant, nous avons essayé d’apprendre des échecs des autres radios, sur les programmes, sur les rentabilités. Nous arrivons avec une plus-value. On s’est dit que, quel que soit le cas, on n’aura pas d’entrée avant un an. On commence par construire l’audience et c’est elle qui va drainer les annonceurs. Nous avons cependant mis de côté des ressources financières pour gérer les charges fixes. Mais nous ne restons pas les bras croisés et nous partons rechercher des partenaires à travers nos commerciaux.»
Le communiqué sus-évoqué, annonçant la mise en veilleuse de la radio, est vaguement signé «le président du conseil d’administration». Le mystère autour de Capitale Fm reste entretenu, mais certainement plus pour longtemps. Sur sa page Facebook, le lanceur d’alerte Arol Ketch révèle ce que quasiment tout le petit monde local des médias savait déjà : la chaîne domiciliée à Terminus Mimboman est financée par le sulfureux homme d’affaires Emile Parfait Simb, au nez de qui pendant actuellement plusieurs procès pour escroquerie.
Promoteur de la nébuleuse Liyeplimal (la galère est terminée, en bassa), celui qui se veut un des précurseurs de la crypto monnaie en Afrique opère dans une activité qualifiée d’illégale par le ministère camerounais des Finances (Minfi) et la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf). Patron de Global Investment Trading (GIT), une entreprise domiciliée dans la métropole économique, Douala, il est le créateur de la «simbcoin» et est traîné en justice par le collectif Universal Lawyers, des sources concordantes lui imputant l’escroquerie de 300 milliards de francs à des dizaines de souscripteurs.
A en croire Arol Ketch, Emile Parfait Simb, qu’on dit en cavale est le principal financier des médias Global TV Capitale Fm et l’hebdomadaire Le Témoin, des médias dirigés respectivement par Cathy Nken, Armand Okol et Francis Bonga, tous furieusement de la même aire sociologique que celui que certains qualifient «le Madoof camerounais». Les deux derniers cités sont au passage connus pour leur proximité avec le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN). Le nom du leader de cette formation d’opposition et député à l’Assemblée nationale, Cabral Libii, est au passage cité dans un document attribué au juge John Michael Vasquez du tribunal du district du New Jersey, aux Etats-Unis. Ledit magistrat aurait, selon un document abondamment relayé sur les réseaux sociaux, été saisi d’une plainte contre une centaine de personnes pour complicité de fraude et d’arnaque.
Toujours est-il que, selon des indiscrétions, les ennuis judiciaires d’Émile Parfait Simb ont une relation étroite avec le déclin de l’empire médiatique qu’il contrôle en sous-main. Une galaxie synonyme d’entreprise de blanchiment d’argent, et qui serait ainsi en proie à une faillite certaine.