Par Joël Onana, Avec Afp
En Afghanistan, l’interdiction d’accéder à l’université est l’une des nombreuses restrictions aux droits des femmes adoptées par les talibans depuis leur arrivée au pouvoir en août 2021. Cette restriction a suscité une vague de condamnations dans le monde entier, y compris dans des pays musulmans.
« C’est une discrimination sexuelle totale à l’égard des filles, car l’islam nous permet de poursuivre des études supérieures et de faire partie de la société ».
a ainsi déploré Rahela, jeune femme de 22 ans, originaire de la province centrale de Ghor, interrogée par l’Afp.
Fin décembre 2022, le ministre de l’Enseignement supérieur avait annoncé que les universités étaient désormais fermées aux femmes au motif qu’elles ne respectaient pas le code vestimentaire en vigueur, qui leur impose de se voiler entièrement le corps et le visage. Les établissements universitaires avaient pourtant déjà adopté de nouvelles règles après le retour au pouvoir des talibans, notamment destinées à séparer filles et garçons pendant les heures de classe. Les femmes n’étaient ainsi autorisées à se voir donner des cours que par des professeurs du même sexe ou des hommes âgés.
Plusieurs responsables talibans affirment que l’interdiction faite aux femmes d’étudier n’est que temporaire, mais ils n’ont pas donné de calendrier sur la réouverture aux femmes. Les écoles secondaires sont aussi fermées aux filles depuis un an et demi. L’interdiction d’étudier avait été un choc pour les Afghanes qui, moins de trois mois auparavant, avaient passé les examens d’entrée aux universités.
En dépit de leurs promesses de se montrer plus souples, les talibans sont revenus à l’interprétation austère de l’islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir (1996-2001) et ont multiplié les mesures à l’encontre des femmes. Au fil des mois, celles-ci ont été exclues de nombreux emplois publics ou sont payées une misère pour rester à la maison. Elles n’ont pas le droit non plus de voyager sans être accompagnées d’un parent masculin et doivent se couvrir intégralement lorsqu’elles sortent de chez elles. En novembre 2022, les talibans leur ont également interdit d’entrer dans les parcs, jardins, salles de sport et bains publics.