Par Julie Peh avec L’AFP
L’alliance entre l’Algérie et la Russie a survécu à la ‘décennie noire’, au printemps arabe, à la guerre en Syrie… Ce que les Algériens ont retenu, c’est que les Russes sont fidèles. Ils le considèrent même comme une assurance-vie”, explique l’historien Pierre Vermeren. Même Vladimir Poutine semblait gêné. Venu à Moscou et à Saint-Pétersbourg, du 13 au 15 juin, pour renforcer le partenariat stratégique avec la Russie, le président algérien, Adbelmadjid Tebboune, a qualifié l’envahisseur de l’Ukraine d’ami de l’humanité. Une flatterie sans doute destinée à promouvoir la candidature algérienne aux Brics, ce groupe qui regroupe la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. En même temps, les relations avec la France ne cessent de se dégrader.
Récemment, Tebboune a décidé de rétablir par décret la version intégrale de l’hymne national algérien, qui, héritage de la guerre d’indépendance, contient un passage anti-France.
Professeur d’histoire des sociétés arabes et berbères contemporaines à l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne, Pierre Vermeren est l’auteur d’une remarquable Histoire de l’Algérie contemporaine. L’historien explique pourquoi, aux yeux du régime algérien, la Russie fait figure “d’assurance-vie”, alors même que tous les gestes mémoriels d’Emmanuel Macron au sujet de la colonisation ne semblent avoir servi à rien. Selon lui, la remise en question grandissante en France du “tabou” de l’accord de 1968, qui avait instauré des règles dérogatoires pour la circulation des ressortissants algériens, ne va que faire monter les tensions, car il représente un enjeu capital pour le régime autoritaire et l’élite algérienne.