Par Sandra Embollo
Il aura fallu attendre un demi-siècle. Cinq jours avant le 50e anniversaire de l’attentat perpétré par des terroristes palestiniens contre la délégation israélienne aux Jeux olympiques de Munich, le gouvernement allemand et les familles des victimes sont parvenus à un accord, mercredi 31 août, sur la délicate question des indemnisations.
Sur le plan diplomatique, cet accord vient à point nommé. Jugeant insuffisante la somme qui leur était proposée, les familles des victimes menaçaient de boycotter les commémorations prévues, les 4 et 5 septembre, dans la capitale bavaroise. « Si nous ne faisons pas le voyage, [le président israélien, Isaac Herzog,] ne doit pas non plus le faire, car sa venue signifierait qu’il approuve le comportement cruel de l’Allemagne », avait déclaré, début août, la porte-parole des familles des victimes, Ankie Spitzer, veuve de l’entraîneur de l’équipe d’escrime israélienne, mort dans l’attentat.
Les présidents allemand et israélien se sont dits « heureux et soulagés » que les négociations aient enfin abouti. « Par cet accord, l’Etat allemand reconnaît sa responsabilité ainsi que l’immense souffrance des victimes et de leurs familles, à qui nous rendrons hommage la semaine prochaine », ont déclaré Frank-Walter Steinmeier et Isaac Herzog, mercredi, dans un communiqué commun qui ne précise pas le montant des indemnisations. Mais celles-ci se chiffreraient à 28 millions d’euros, selon plusieurs sources gouvernementales citées par la presse allemande. Presque six fois plus élevée que celle proposée aux familles des victimes il y a encore quelques semaines, cette somme devrait être prise en charge, pour les trois quarts, par l’Etat fédéral allemand, le reste se répartissant entre le Land de Bavière et la ville de Munich.
Le 5 septembre 1972 est un souvenir particulièrement douloureux dans l’histoire de la République fédérale d’Allemagne. En accueillant pour la première fois les JO depuis ceux organisés à Berlin en 1936, restés comme un temps fort de la propagande du IIIe Reich, les autorités ouest-allemandes comptaient renvoyer l’image d’un pays accueillant et ouvert. Mais avec l’attentat commis par le commando palestinien Septembre noir, ce sont au contraire ses failles qui étaient apparues au grand jour.
Zones d’ombre
Pourquoi le village olympique n’était-il gardé que par une trentaine de policiers, dont seulement deux en armes, quand huit terroristes palestiniens ont pénétré dans le bâtiment où logeait la délégation israélienne, au petit matin du 5 septembre, en tuant un des membres et prenant dix autres en otage ? Pourquoi la journée s’est-elle terminée par la mort des dix otages au terme d’un assaut confus, lancé par la police allemande sur la base aérienne de Fürstenfeldbruck, près de Munich, où les terroristes, qui exigeaient la libération de 234 prisonniers palestiniens détenus en Israël, avaient demandé qu’un avion soit affrété pour les emmener au Caire ? Cinquante ans plus tard, les familles des victimes attendent toujours des réponses précises à ces questions.