Par Arlette Akoumou Nga
« Il convient de remédier à de graves insuffisances, notamment en matière d’évaluation des risques, de recours aux ordonnances de protection et aux ordonnances d’urgence d’interdiction, ou encore de service de soutien et de refuges ». C’est le tableau plutôt sombre que dresse le rapport du Groupe d’experts du Conseil de l’Europe pour la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Grevio), publié ce vendredi.
Absence criante de centres d’urgence
Ce groupe d’experts dénonce une inégalité des offres de service aux femmes victimes de violence entre les 16 Länder, pointant du doigt « l’absence de centres d’urgences » pour les victimes de violences sexuelles dans certaines zones géographiques, notamment dans les zones rurales.
Et quand il y en a, le personnel manque, ajoutent les experts, citant en exemple Berlin, ville de 3,7 millions d’habitants qui ne dispose que d’« un seul centre de conseil » pour les victimes de viol, comptant « moins de neuf employés ».
Une victime doit parfois attendre deux mois pour un premier rendez-vous.Le Grevio salue toutefois des avancées en Allemagne, qui a ratifié la Convention d’Istanbul contre les violences faites aux femmes en 2018 : instauration « d’une définition du viol et de la violence sexuelle fondée sur le consentement », d’une permanence téléphonique nationale « efficace », ou encore « la criminalisation » de plusieurs formes de violences, comme le cyberharcèlement. Mais selon les experts, des « stéréotypes de genre préjudiciables et des attitudes de culpabilisation » des victimes persistent au sein du système judiciaire allemand.
Ils dénoncent aussi le fait que des droits de garde et de visite ont été accordés à « des pères violents » sans prise en compte « des inquiétudes exprimées par les femmes en matière de sécurité ».
« Problèmes de sécurité » dans les centres pour demandeurs d’asile
Enfin, les demandeuses d’asile font face à des « problèmes de sécurité » récurrents dans les centres qui les accueillent : « sanitaires peu sûrs », « dortoirs non verrouillés », voire mixtes, allant jusqu’à des violences commises par le personnel de sécurité ou les résidents masculins.
Le Conseil de l’Europe demande aussi à l’Allemagne de mettre en place « un mécanisme d’examen des homicides domestiques » pour « analyser toutes les affaires de meurtres de femmes fondé sur le genre », d’augmenter le nombre de centres d’urgence, et de mieux former les personnels en contact avec les victimes, notamment les forces de l’ordre.