Accueil EnquêtesAfrique Armée | Cameroun: Un soldat déserteur appelle au soulèvement contre le régime [ Enquête Panorama Papers]

Armée | Cameroun: Un soldat déserteur appelle au soulèvement contre le régime [ Enquête Panorama Papers]

Le caporal-chef s’exprime à découvert, dans une vidéo qui depuis peu fait des remous au sein de la grande muette.

Par panorama papers
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Par Arlette Akoumou Nga

«S’il vous plait, anciens camarades, prenons nos responsabilités (…). On a prêté serment pour défendre les couleurs du pays, et non pour protéger un individu. Prenons conscience. Il est temps que nous, militaires, nous nous réveillions (…). 2025 arrive. Alors, chassons Paul Biya avec sa bande de voleurs !»

L’homme en tenue de soldat, qui apparaît sous quatre postures différentes, ne décline pas son patronyme. Mais il s’exprime à visage découvert, dans une vidéo de 4,32mn estampillée «Libérez mon pays».

Formé en 2011 dans le centre d’instruction de la Garde présidentielle (GP) de Minkama, à quelque 70km de la capitale, Yaoundé, celui qui revendique le matricule A2011/14062 affirme n’avoir pas duré dans ce corps d’élite du fait de sa «façon de voir les choses et de dire les vérités aux chefs».

Le voilà donc reversé dans son corps d‘origine, l’armée de l’air, à la base 201 de la métropole économique, Douala.

En 2015, il fera ensuite partie des éléments de la Force multinationale (FMM) en charge de chasser, dans l’Extrême-Nord camerounais, en particulier et dans le bassin du lac Tchad, en général, la secte islamiste Boko Haram.

Et c’est là-bas qu’il affirme que les primes mensuelles des soldats, c’est-à-dire 450.000 francs, «ont été détournées». Calculette en main, il indique que le gouvernement camerounais lui doit, lui et ses camarades d’arme, 12 millions de francs par tête de pipe.

«Les chose arrivent si vite, au Cameroun. L’heure est grave», harangue-t-il. Prenant appui sur le cas de Steve Akam, un compatriote révolté contre le système de Yaoundé, récemment arrêté au Gabon et détenu au secret dans son pays natal, le dénonciateur en tenue indique que l’infortuné «est en train de subir des tortures, si jamais il est encore vivant».

Affirmant que les soldats camerounais sont parmi les plus pauvres de la société, le caporal-chef explique que 90% d’entre eux sont au rouge à la banque, 95% étant criblés de dettes au quartier.

«Camarades, il est temps que nous prenions nos responsabilités. Allons-nous continuer à vivre la misère, alors que Paul Biya doit s’enrichir avec son groupe de voleurs, pendant que nous dormons affamés ?»

Pour lui, si des militaires au Cameroun se retrouvent souvent impliqués dans de sales dossiers, c’est parce qu’ils n’ont rien. Et de poser la question : que peut-on faire avec 70.000 francs de salaire ?

L’interpellation de ce déserteur a été soumise à des militaires de sa génération, dont plusieurs, sous le signe de l’anonymat, acquiescent ses dénonciations.

«Ce qu’il dit relève des réalités de la maison, mais nous ne sommes pas censés faire allusion à certaines choses»,

révèle un sergent, lui également ancien de la GP et qui aujourd’hui occupe une position de commandement dans la région du Littoral.

S’il dénonce l’enrichissement illicite des hauts gradés, c’est pour mieux plaindre la condition de ceux qui se trouvent sous leurs ordres, «trimant et subissant toutes sortes de brimades des supérieurs», lesquels, apprend-on, sont actuellement sous des charbons ardents, cherchant à la fois à retrouver le factieux et à contrôler le moral des troupes.

Les soldats du rang vivent sous une chape de plomb, appuie un autre, qui indique bien connaître le soldat rebelle mais refuse, «par solidarité de corps», de révéler son identité. Et de laisser tomber : «Comme dit l’ex-camarade, nous sommes sur un volcan, et les choses peuvent se déchaîner à partir d’un détail.

Le 3 juin 2017 à Zigue (Extrême-Nord), rappelle-t-on, une trentaine de soldats en attente de relève au secteur n°1 de la Force multinationale mixte de la Commission du bassin du lac Tchad avaient bruyamment exigé leur relève immédiate par dérogation au chronogramme arrêté ainsi que le versement de leurs primes de «soldats internationaux».

Immédiatement transférés à Yaoundé par voie aérienne, ils furent mis aux arrêts pour répondre de leurs actes, conformément au règlement militaire.

Deux ans auparavant, le 7 septembre 2015 à Yaoundé, de plus de 200 soldats revenus de la Mission de stabilisation de la Centrafrique, placée sous l’égide de l’Union africaine, ont battu le pavé pour réclamer le versement de leurs primes.

Dans l’un et l’autre cas, de dures sanctions, allant jusqu’à la révocation, ont été prononcées contre les grognards.

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