Par Joël Onana
Recep Tayyip Erdogan fait décidément feu de tout bois dans ses négociations avec la Suède, et avec l’Otan. Juste avant de s’envoler pour le sommet de l’Alliance atlantique à Vilnius, le président turc s’est adressé aux membres… de l’Union européenne pour leur dire : « Ouvrez la voie à la Turquie dans l’UE, et nous ouvrirons la voie à la Suède » dans l’Otan.
Cela peut surprendre, car les deux sujets n’ont aucun rapport, mais aussi car Tayyip Erdogan, depuis le début des négociations avec la Suède, assure que la seule préoccupation de la Turquie est sa sécurité. Jusqu’ici, son unique exigence affichée était que Stockholm prenne des mesures contre les groupes et les individus qu’Ankara considère comme des terroristes, en l’occurrence les militants du PKK. Avec l’Union européenne, Tayyip Erdogan demande l’impossible. La candidature de la Turquie est à l’arrêt depuis des années, principalement en raison du recul sévère de l’État de droit dans le pays, et la Commission européenne a dit plusieurs fois qu’aucun progrès n’était possible dans ces conditions. Cette déclaration en dit long sur les prédispositions du président turc avant le sommet de l’Otan. Il veut utiliser cette plate-forme pour mettre sur la table tous les griefs de la Turquie contre les Occidentaux, et obtenir d’eux le maximum en échange de son accord à l’entrée de la Suède dans l’Otan.