Par Sandra Embollo
Cela fait un an que Luis Fernando Camacho est en détention préventive dans une prison de haute sécurité de La Paz. Pourtant, c’est seulement cette semaine que le procureur a présenté une accusation formelle contre lui. L’homme d’affaires de 45 ans et gouverneur de Santa Cruz, un bastion de l’opposition de droite, a été arrêté le 28 décembre 2022, après avoir été accusé de promouvoir un soi-disant « coup d’État » contre Evo Morales, président de la Bolivie de 2006 à 2019.
Lors de l’élection présidentielle de 2019, le président Evo Morales revendique la victoire dès le premier tour. Des manifestations dénonçant une fraude électorale ont lieu dans plusieurs villes du pays, puis des mutineries de policiers. Finalement, le chef d’état-major de l’armée recommande publiquement à Evo Morales de démissionner, après l’avoir accusé d’avoir encouragé la fraude électorale cette année-là afin de rester au pouvoir jusqu’en 2025. Se sentant menacé, Evo Morales s’exile au Mexique.
Jusqu’à vingt ans de prison
Concrètement, la justice a accusé, ce mardi 26 décembre, le gouverneur de la région de Santa Cruz et principale figure de l’opposition de s’être coordonné avec des militaires et des policiers pour faire tomber le président Evo Morales. Il aurait notamment déplacé près d’un demi-million d’euros au moment des manifestations, supposément pour corrompre des autorités militaires et policières.
« Il a été possible d’identifier que son comportement [celui de Camacho] correspond à la commission des crimes de financement du terrorisme, de corruption active, de séduction des troupes, d’incitation publique à commettre un crime, d’association criminelle », a déclaré le procureur Omar Mejillones lors d’une conférence de presse. Luis Fernando Camacho, fils du gouverneur et son porte-parole actif, a quant à lui souligné que « nous savons tous que les motifs (de la demande du procureur) sont politiques afin de maintenir la détention illégale de mon père ».
Camacho risque donc vingt ans de prison. Une peine qui a également été requise contre l’ex-présidente Jeanine Añez, accusée d’être la complice de la tentative de forcer Evo Morales à démissionner de son poste de président en 2019. Celle-ci a déjà été condamnée à dix ans de prison pour avoir pris le pouvoir de manière irrégulière après la démission de Morales.