Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Après la première édition tenue les 20 et 21 septembre 2023, la deuxième a ouvert ses portes dans un format plus innovant avec un nombre plus accru des leaders des think tanks aussi bien que l’organisation et la dimension des échanges entre ces producteurs d’idées novatrices pour un changement positif dans la sous-région. Selon le fin mot de l’organisateur, Denis Foretia, le patron du think tank Nkafu policy institute, de la Fondation Denis & Lenora Foretia, a ouvert le bal en indiquant que la Ceeac est la sous-région la moins intégrée en Afrique.
Il est question, a-il souligné entre autres, d’établir un réel réseau entre les différents leaders au cours du Forum. Il faut aller ensemble dans le sens bien compris de briser les plafonds de verre qui empêchent les différents groupes de réflexions en Afrique centrale de travailler en synergie, pour une intégration en termes de recherches, de résultats et d’actions auprès des pouvoirs publics et des populations.
« Nous sommes concernés par le développement qui intéresse les peuples en Afrique centrale. Notre objectif est d’y parvenir en travaillant avec les gouvernements pour l’épanouissement des populations dans nos communautés. C’est cela en réalité la raison pour laquelle nous avons invité les leaders des think tanks de la sous-région. Nous voulons nous assurer que notre politique fondamentale œuvre pour le bonheur des citoyens au Cameroun et en Afrique centrale à l’exemple des politiques publiques qui sont mises en œuvre pour le bien de tous. En plus, nous voulons que nos gouvernants, nos pouvoirs publics soient convaincus que nous sommes efficients dans tous nos programmes. Nos citoyens bénéficient dans un sens pratique des soutiens que nous leur apportons pour que le développement soit une réalité »,
a confié Denis Foretia à la presse à l’entame du Forum de deux jours.
Après son mot de bienvenue, Richard Fonteh Akum dans son discours d’ouverture a entretenu les leaders des think tanks sur le renforcement des droits de l’homme, la gouvernance responsable et la démocratie – Le rôle des groupes de réflexion et des organisations de la société civile. Il a fait un tour magistral de la situation de la démocratie confrontée à un déclin mondial important, la détérioration la plus prononcée se produisant en Afrique subsaharienne, où les coups d’État et l’autoritarisme sont en hausse. Dans cette situation, quel rôle jouent les think tanks et les Organisations de la société civile pour changer la donne ? Pour inverser la tendance ?
Avec une population qui va tripler d’ici 2043, quelles sont les politiques publiques mises en place à cet effet ? En zone Ceeac, les Etats ont des difficultés à administrer leurs territoires, les moyens des gouvernants étant limités. Que font les think tanks dans un tel contexte ? Pour terminer, il a insisté sur certains axes moteurs pour le renforcement des capacités des think tanks. Il s’agit notamment des fonds, la nécessité d’afficher clairement son identité, d’être transparent et honnête, de partager la vision du succès, l’investissement sur le capital humain ou la technologie entre autres.
Les exposés et débats
Le premier panel de discussion a porté sur « Au-delà de la recherche : renforcer l’impact des think tanks sur l’adoption des politiques en Afrique centrale ». Les exposants sont le conférencier Paul Simo (Usa) ; Loup Ulrich Akiana Mferé, le Coordonnateur national, Centre d’études et de recherche sur les analyses et les politiques économiques du Congo Brazzaville et le Dr Ekassi, philosophe à l’Université de Yaoundé. Comment passer des idées à l’action ? Il y a-t-il des obstacles ? Lesquels ?
Ce panel a indiqué qu’il existe une opacité dans le processus de prise des décisions dans les think tanks ; la ressource humaine est en question car elle doit être améliorée ; l’espace civique est très rétréci car certains sujets sont tabous ; les économies des Etats sous la dépendance ; la politique néocoloniale qui tient les Etats. En ce qui concerne la communication des résultats, il est convenu d’associer tous les maillons de la chaîne de recherche qui doit avoir l’ancrage dans les milieux communautaires. Après ce premier panel, les travaux se sont poursuivis dans trois ateliers. Le premier a exploré la thématique
« Tirer parti de la numérisation pour une transformation économique inclusive en Afrique centrale », le deuxième a porté sur « Améliorer la résilience des groupes de réflexion face au rétrécissement de l’espace civique en Afrique centrale » et le dernier a porté sur « Accélérer le commerce régional et l’intégration dans la Ceeac ».
Dans la première thématique, il était question pour les experts d’explorer le potentiel transformateur de la numérisation pour stimuler une croissance économique inclusive dans la région. Ils ont examiné comment les avancées de la technologie numérique peuvent être exploitées pour relever des défis économiques de longue date, promouvoir l’entrepreneuriat et créer des opportunités pour les communautés marginalisées. L’objectif était l’acquisition des connaissances précieuses sur le rôle de l’innovation numérique dans la promotion du développement durable et la réalisation d’une plus grande inclusion économique en Afrique centrale. La deuxième thématique a relevé que l’espace civique en Afrique centrale est sans doute le plus restrictif du continent.
Les experts ont fait l’inventaire sur les stratégies visant à renforcer la capacité des think tanks et des organisations de la société civile à non seulement résister, mais aussi à inverser la tendance à la diminution croissante de l’espace civique dans la sous-région. Les panélistes ont exploré des approches innovantes pour contourner les contraintes réglementaires, favoriser la collaboration et préserver l’autonomie et l’efficacité des think tanks. Ils ont également exploré le rôle des think tanks dans la promotion de la gouvernance démocratique et l’avancement du discours politique, malgré les pressions croissantes exercées sur la société civile.
Pour terminer, la troisième thématique a révélé que malgré l’adoption de l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), très peu de choses ont été accomplies. Il était donc question d’explorer les stratégies et les initiatives visant à favoriser la coopération et l’intégration économiques entre les États membres. Tout comme il en allé des meilleures pratiques pour améliorer la facilitation des échanges, réduire les obstacles et promouvoir les investissements transfrontaliers, entre autres.
« A la première édition, il avait été mis sur pied un consortium des think tanks en Afrique centrale. Avec cette dernière est menée des projets de recherche, de cartographie de tous les problèmes pour en sortir les forces et les faiblesses de la sous-région et de réfléchir au cours de cette édition comment est-ce qu’on va mettre sur pied une stratégie plus collaborative pour trouver des solutions plus efficaces à ces problèmes que nous avons identifié en amont »,
a confié à la presse Fostin Ebenizer Fouefack, le directeur des programmes et de la stratégie à Nkafu policy institute.