Par Éric Boniface Tchouakeu
Ces jeunes protestaient contre l’échec de la plupart des fils et filles de ce village à ces concours et particulièrement, contre la non intervention en amont de leur Chef, Cavaye Yeguié Djibril , par ailleurs, Président de l’Assemblée Nationale, pour faire pencher la balance en leur faveur.
A priori, les manifestants n’ont formulé aucun reproche à l’organisation matérielle des concours donnant accès au corps de la police nationale et donc à un emploi public réputé plus stable comparativement à un emploi dans le privé au Cameroun.
Ils n’ont également pas relevé des défaillances objectives dans le processus de correction des épreuves et de publication des résultats des dits concours, même s’il y aurait d’éventuels couacs.
Ces jeunes reprochent seulement à la plus grande élite politique de leur village qui est le Président de l’Assemblée Nationale du Cameroun, de n’avoir pas agi en amont pour faire recruter certains, ou un bon nombre parmi eux dans la police ; cela tout simplement parce qu’ils ont la chance d’être originaires de Mada ou par extension de Tokombéré comme lui, et non forcement parce qu’ils le méritent de par leur compétence et leur valeur intrinsèque.
Pourtant nous sommes en présence d’un processus de recrutement par voie de concours non pas au niveau local, mais à l’échelle nationale au terme duquel en principe, seuls les meilleurs doivent être retenus.
Cavaye Yeguié Djibril leur a promis de faire les démarches appropriées pour obtenir le recrutement de certains parmi eux dans la police. Il aurait même déjà selon plusieurs sources commis certains de ses proches collaborateurs à la tâche en mettant à leur disposition de fortes sommes d’argent(plusieurs dizaines de millions de Fcfa) pour “huiler le réseau.”
On constate donc que la compétence ou le fait d’être parmi les meilleurs ne préoccupe ni l’autorité ,encore moins les jeunes candidats au recrutement dans la police qui ont manifesté à Mada.
A la vérité,c’est parce que depuis plusieurs années maintenant,le népotisme,le favoritisme,les trafics d’influnece et la corruption gangrennent les processus de recrutement du personnel dans le secteur public de manière directe ou à travers les écoles de formation.
Cette situation a même conduit au développement du phénomène des “listes” qui consiste pour les grandes élites , à envoyer les noms de leurs candidats à ceux qui in finé, décident de l’issue, chaque fois qu’un recrutement est ouvert dans le secteur public.
Certains candidats ne se battent plus pour être parmi les meilleurs,mais plutôt pour figurer par tous les moyens y compris en fabriquant les faux diplômes, dans la liste d’une élite dont le dégré d’ influente au sein du système gouvernant lui garanti le recrutement.
Il convient par ailleurs de relever que la pratique de la politique de l’équilibre régional,c”est-à-dire la politique des quotas etniques souvent appliquée dans le plus grand flou lors des recrutements dans le secteur public, favorise de telles dérives.
De plus en plus au sein de l’opinion,ils sont nombreux à penser que personne n’est recrutée de manière directe ou indirecte dans le secteur public simplement sur la base de son talent.

Le grand défi aujourd’hui consiste pour le régime à travailler contre cette perception négative et à tordre le coup à toutes les pratiques discriminatoires qui creent des injustices et des fustrations au sein des populations et davantage au près des jeunes ,en principe égaux en droits.