Par Eric Boniface Tchouakeu
Ce drame est survenu à la suite de la collision entre un camion benne transportant le sable et un bus coaster ayant à son bord, essentiellement les membres d’une famille qui se rendaient à un deuil dans la région de l’Ouest.
Ce n’est pas la première fois que des drames routiers au bilan humain particulièrement lourd surviennent dans le pays.
D’ailleurs selon plusieurs sources y compris gouvernementales, les accidents de la circulation constituent la deuxième cause de décès au Cameroun avec plus de deux milles morts en moyenne chaque année derrière le paludisme.
Les principales causes du fléau sont connues. Elles sont majoritairement d’origine humaine, mais aussi proviennent de la piètre qualité des infrastructures.
On peut citer sans aucune prétention à l’exhaustivité, le problème de la formation des chauffeurs. Certains parmi eux obtiennent des permis de conduire sans avoir séjourné dans une auto-école.
Il y a également leur rémunération généralement en deçà de leur rendement au sein des entreprises ; ce qui les amène à opérer des surcharges des passagers ou de marchandises pour arrondir leurs fins du mois, ou encore à conduire en excès de vitesse en procédant parfois à des dépassements hasardeux dans le but ultime de gagner plus d’argent.
En somme, les conditions précaires du travail des chauffeurs les exposent donc à l’incivisme sur la route.
On peut aussi mentionner comme cause des accidents, l’état des véhicules mis en circulation.
Le parc automobile est largement constitué de vieux véhicules déjà utilisés ailleurs, principalement en Europe avant d’arriver au Cameroun.
L’existence des centres de visite des visites techniques n’a pas permis le rajeunissement de ce parc. Et puis, il y a la défaillance des agents des forces de maintien de l’ ordre qui devraient veiller à la conformité des véhicules en circulation à la réglementation , particulièrement sur les axes dits « lourds » où il y a un grand trafic de voyageurs et de marchandises.
Plusieurs postes de contrôle de la police et de la gendarmerie sont aujourd’hui réduits en postes fictifs de péage routier.
Même les opérations de prévention routière lorsqu’elles sont menées, visent davantage à récolter le maximum d’argent issu du paiement des amendes par les automobilistes coupables d’infractions, plutôt que de prévenir véritablement les accidents.
Evidemment, on ne peut ne pas évoquer l’état des routes généralement dégradées par endroits avec la formation des trous sur la chaussée, qualifiés de « nids de poules » par les automobilistes.
Difficile dans ces conditions de matérialiser la route, ou pour les automobilistes de prêter attention aux panneaux de signalisation là où il en existe.
De nombreuses rencontres initiées par les pouvoirs publics et des organisations de la société civile ont permis de faire des propositions concrètes pour à défaut d’éradiquer, mais tout moins réduire considérablement le phénomène des accidents de la circulation au Cameroun.
La plupart de ces propositions attendent encore d’être implémentées jusqu’ à ce jour.
Les autorités savent bien qu’aucun déplacement d’un Ministre sur lieu où un accident est survenu, des condoléances adressées aux familles des victimes ou des aides ponctuelles à leurs proches, ni même des suspensions temporaires ou définitives des permis de conduire des chauffeurs et ou des sociétés, impliqués dans les accidents, ne peuvent réellement de manière considérable, éviter d’autres hécatombes à l’avenir.