Par Joël Onana
Présentation du rapport d’étude sur la participation citoyenne et l’accès à l’information au niveau local, c’était hier au Djeuga Palace, avec le Dr Aristide Mono et bien d’autres. “Merci à adisi_cameroun pour ces trois mois de recherches et de coordination scientifique en tant que consultant”.
Merci à mon équipe, Dr Benoît Wenang, Mme Wandji Léopoldine (Juriste /Pleg), Mme Monesson Thérèse (Doctorante spo) et Dr Zissa David. Mes amitiés au secrétaire exécutif d’Adisi-Cameroun Paul Joel Kamtchang et à son équipe (Clovis, Aurélie et Marie Louise ).
Depuis 1996, le modèle étatique camerounais repose sur la décentralisation. Un choix retenu pour autonomiser les territoires dans leurs déclinaisons communale et régionale, en leur transférant certaines compétences et ressources jadis caporalisées par l’Etat central.
Une autonomie dont l’un des objectifs majeurs est de favoriser l’investissement plus accru des populations dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques suivant la double mécanique de la countability et l’accountability des gestionnaires locaux.
Seulement sur le terrain, cette participation citoyenne revendiquée par la décentralisation n’est pas entièrement effective comme l’atteste fort pertinemment la présente étude réalisée dans les communes de Makénéné, Eséka, Loum et Njombe-Penja, avec comme secteur d’expérimentation, les initiatives locales de santé.
En effet, les données recueillies sur le terrain laissent observer une marginalisation et une auto marginalisation des populations dans les politiques publiques malgré le droit que leur accorde le dispositif juridique en la matière. D’ailleurs, seules 16% de
la population touchée ont connaissance de
l’existence de cet encadrement juridique.
Une méconnaissance qui infue signifcativement sur l’implication des masses dans la santé publique locale. On note ainsi des taux de participation très faibles : 20% pour les actions sanitaires des formations de santé et 16% pour celles initiées par les communes. Pourtant, il existe des cadres de participations institués tels que les Cosa, les Coge, les Cosadi, les
Cogedi et les Cogeh.
Cette situation découle en grande partie, certes de la marginalisation de la santé par les collectivités comme le démontre la
quasi absence des chapitres spécifiques
dans leurs budgets respectifs, mais aussi
par le déficit des politiques d’incitation,
1% pour les communes et 9% pour les
formations sanitaires, qui n’est pas à
relativiser. Or, beaucoup sont disposés
à s’investir dans les politiques publiques
de santé locale comme en témoigne le
niveau de motivation, 82%, qui porte
à 89% le potentiel d’adhésion des
populations à ces politiques. Les structures de mobilisation qui devraient être sollicitées pour booster la participation, au rang desquelles le dispositif informationnel, sont
soit défaillantes soit sous exploitées. Pourtant, l’information constitue à plusieurs égards le premier levier de mobilisation des populations. Elle concourt non seulement à la structuration d’une culture de la participation, mais situe aussi les masses sur les offres de participation.
Malheureusement, seul 16% de la population est souvent informée des opportunités de participation aux politiques publiques de santé.
Au regard de toutes ces limites, il devient impératif pour l’Etat de procéder à la décentralisation effective afin que les communes disposent enfin des compétences et des ressources conséquentes pour accroitre les initiatives de santé locale qui permettront de rapprocher les populations des politiques publiques de santé en vue de leur participation optimale aux dites politiques.
Des efforts qui, ne sauraient, cependant, être perceptibles sans une bonne élaboration et une mise en œuvre des cadres de participation par les communes et les formations sanitaires, de même qu’une bonne éducation des masses à la coproduction des politiques publiques. Des défis dont la domestication nécessite la sollicitation des leaders communautaires et des organisations de la société civile, ainsi
qu’une meilleure rentabilisation des systèmes de communication numérique
dont l’indispensabilité n’est plus à démontrer aujourd’hui en matière de mobilisation des masses.