Par Félix C. Ebolé Bola
La directrice générale de la Cameroon Telecommunications (Camtel), Judith Yah Sunday épse Achidi, a informé le collectif des délégués du personnel de l’entreprise de la suspension, dès juillet 2024, des effets de la pondération des salaires de base des responsables promus aux postes de directeur, directeur adjoint, sous-directeur et assimilés.
Dans cette correspondance, datée du 9 juillet et parvenue lundi à la rédaction, elle fait état d’une instruction du chef de mission du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe), demandant l’interruption de cette pratique issue de résolutions du conseil d’administration.
«Cette mesure conservatoire et d’application immédiate, va sans doute, entraîner des perturbations dans les prévisions financières de certaines personnes au sein de l’entreprise», reconnaît-elle assurant toutefois de son «engagement» à mener «les diligences appropriées pour la substitution à la ‘’pondération’’ des avantages conséquents, conformément aux lois et règlements en vigueur».
En poste depuis le 14 décembre 2018, la gestion de Mme Achidi est régulièrement au cœur de la controverse, aussi bien chez les usagers qu’en interne.
Le 13 décembre 2022, un groupe de «travailleurs indignés» de l’entreprise, sous le titre «Camtel : quand Blue rime avec flou», a dressé un véritable réquisitoire contre ledit management où la gabegie le dispute aux erreurs de gestion, au tribalisme, aux gestes de provocation et à la défiance.
Sur 8 pages, le mémorandum, que les inspecteurs du Consupe ont dû consulter, fait le tour de la mal-gouvernance attribuée passe au crible des marchés compliqués, des choix logistiques catastrophiques, des surfacturations effectuées avec des «comparses», une «forfaiture (…) rendue possible par la complicité active ou passive du conseil d’administration».
Abordant l’épineuse question des recrutements, dont la plupart apparaissent «fantaisistes», les «travailleurs indignés» constatent «un effectif astronomique où les cadres constituent plus d’un tiers» du personnel, «une véritable armée mexicaine» où la plupart se tournent les pouces, alors qu’une bonne partie des activités de la maison a été externalisée.
«Pendant que Madame le directeur général joue à son jeu favori qui est de déplacer les responsables comme les pions d’un échiquier, au gré des organigrammes aussi inefficaces qu’inutiles, le personnel s’impatiente et se lasse, peut-on lire dans le document. Ici encore, le conseil d’administration, aveugle et aphone, laisse faire alors que, une fois de plus, il dispose des compétences les plus étendues dans les recrutements, les licenciements, les promotions, la définition et l’observance du statut du personnel.»
Selon un récent rapport de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (Ctr), le chiffre d’affaires de Camtel a, en 2022, progressé de 17,8% en glissement annuel les activités du Business Unit fixe pesant, à elles seules, 78,5% dans ce chiffre.
Cette bonne tenue du segment de la téléphonie fixe est le fait « de la hausse de la consommation des administrations publiques, qui participent à plus de 50% au chiffre d’affaires».
Si «l’autonomisation des Business Units tarde à donner les résultats significatifs, en dépit de l’énorme potentiel du vaste champ d’activités pris on concession», la Ctr note également que «l’organisation obèse et le style bureaucratique du management ont été contreproductifs».
Quant à l’endettement, il était estimé à 648 milliards de francs au 31 décembre 2022, un niveau d’endettement qui «présente un risque budgétaire pour l’État», connu pour être l’unique actionnaire de la Camtel.