Par Rostand TCHAMI
La dégradation des sols, la désertification, l’érosion des ressources génétiques, les effets des changements climatiques, et le système d’agriculture conventionnel, sont autant de facteurs qui limitent la capacité des populations à accéder à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Ce constat fait par le Service d’appui aux initiatives locales de développement (Saild), a été révélé aux femmes et hommes des médias le 30 septembre dernier à Yaoundé. C’était au cours de la cérémonie d’ouverture d’un atelier organisé par l’Ong éponyme au bénéfice des acteurs du secteur agricole. Selon ladite organisation, ces contraintes peuvent bien être absorbées par un modèle agricole et alimentaire alternatif qu’est l’agro-écologie, dont la multifonctionnalité permet de relever plusieurs défis à la fois d’ordre agricole, alimentaire, écologique, pédologique, climatique, sanitaire, culturel. Malgré son importance, l’agro-écologie reste encore très peu pratiquée et malheureusement non encadrée.
C’est d’ailleurs ce que révèle les études que le Saild a commanditées et dont les résultats ont été présentés au cours de cet atelier.
<< L’étude que nous avons menée portait sur trois aspects : le cadre juridique et institutionnel ; le cadre politique de l’agro-écologie et aussi le niveau d’intégration de l’agro-écologie dans les curricula des structures de formation agricole et agronomique au Cameroun >>.
indique Ghislain Fomo, chargé du programme de gestion des ressources naturelles au Saild.
A ce titre, souligne-t-il,
<< on a pu réaliser premièrement, que sur le plan juridique, l’agro-écologie n’est pas une catégorie juridique qui est pour le moment reconnu chez nous. Donc les textes juridiques évoquent en passant, ou de manière très implicite, l’esprit de l’agro-écologie. Sur le plan institutionnel, on a fait des enquêtes au Minader, au Minepia et au ministère de l’Environnement, on s’est rendu compte que la question de l’agro-écologie n’est pas encore fortement institutionnalisée chez nous. Il y a un fort silence de nos institutions relativement aux questions de l’agro-écologie. Si l’agro-écologie n’est pas évoquée, on comprend très bien que les acteurs ne sont pas très portés à insérer l’agro-écologie dans leur esprit de travail >>.
Politiques publiques
Sur l’intégration de l’agro-écologie dans les curricula des structures de formation agricole et agronomique au Cameroun, ajoute-t-il, << les études ont été menées dans les deux grandes catégories notamment, les structures classiques de formation et les structures universitaires ou d’enseignement supérieur >> Et << relativement aux structures classiques, ce sont des structures qui ont fortement insérées l’esprit agro-écologique dans leur formation. À l’inverse, dans les structures d’enseignement supérieur, il y a une intégration en pointillés de l’agro-écologie dans les curricula >>. Un paradigme, que voudrait faire changer le Saild à travers l’atelier organisé le 30 septembre dernier. C’est d’ailleurs dans ce sens que l’organisation a mis en œuvre le projet intitulé « mettre à l’échelle, l’agro-écologie pour renforcer la sécurité alimentaire et améliorer la diversité alimentaire dans le bassin du Congo ». Un projet, dont l’objectif est de contribuer à l’émergence de politiques publiques favorables à l’agro-écologie à travers la vulgarisation à grande échelle des pratiques agro-écologiques et la réduction de l’utilisation des produits chimiques et de la déforestation causée par des pratiques agricoles non durables.