Par Ilyass Chirac Poumie
D’abord, faisons un flash back rapide pour mieux comprendre la crise actuelle qui secoue le foot. À l’issue de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) organisée au Cameroun début 2022, Samuel Eto’o avait obtenu le renvoi du sélectionneur portugais Antonio Conceiçao pour nommer Rigobert Song, son ancien coéquipier. Un fait que Narcisse Mouelle Kombi avait vécu comme une humiliation, puisqu’il était pour la prolongation du contrat du coach Conceiçao.
Source du conflit
En avril, après le parcours décevant des Lions indomptables lors de la Can organisée en Côte d’Ivoire en janvier, et surtout après une sorcmtie de Paul Biya dans un discours traditionnel délivré chaque 10 fevrier à la veille de la fête de la jeunesse; le chef de l’Etat avait instruit “le gouvernement et particulièrement le ministre des sport à réorganiser l’équipe nationale du Cameroun.
Narcisse Mouelle Kombi va s’engouffrer dans cette brèche pour désigner le Belge Marc Brys au poste de sélectionneur, entouré d’un staff technique, médical et administratif validé par la présidence de la République. Et visiblement, la pilule ne passe pas pour Samuel Eto’o.
L’ancien attaquant du Fc Barcelone avait, dans un premier temps, refusé de valider la désignation de Marc Brys et de l’encadrement choisi par le ministère. Samuel Eto’o a finalement reconnu l’entraîneur belge et deux de ses adjoints (Joachim Mununga et Giannis Xilouris), mais a nommé son propre staff technique, médical et administratif. Un geste qui n’a pas été apprécié par son ministère de tutelle. À quelques jours des prochaines journées des éliminatoires du Mondial 2026, la crise semble de plus en plus profonde.
Mardi, Marc Brys a été convoqué au siège de la Fecafoot afin de participer à une séance de travail. Le rendez-vous a tourné court très rapidement. Si Samuel Eto’o reçoit le Belge avec un « bienvenue chez vous », le reste de l’entretien est plus que tendu.
Samuel Eto’o s’en prend d’abord pris à Cyrille Tollo, conseiller technique auprès du ministre des Sports, qui lui a interdit d’échanger seul à seul avec Brys, ce qui a mis Eto’o hors de lui.
« Ici, vous n’avez pas la parole. Quand je viens au ministère, je vous respecte. Ici, je suis le seul patron. C’est la dernière fois ! Appelez-moi la sécurité et vous le mettez dehors ! C’est la dernière fois, vous avez compris ! »,
lance Eto’o en faisant mettre Tollo à la porte.
Dans un second temps, Eto’o demande à Marc Brys de rester, contre l’avis du ministère, et de choisir son camp.
« Je suis le président. Si vous voulez travailler avec nous… Vous êtes entraîneur parce que je vous ai nommé. Vous n’êtes pas entraîneur, parce que quelqu’un d’autre vous a nommé. Vous avez fait beaucoup de manquements. Si vous ne restez pas, je suis obligé d’interroger mon comité exécutif comme la loi me le demande. Donc, je vous prie, une fois de plus, de rester ici s’il vous plaît »,
lâche Eto’o.
Le ton monte et Marc Brys quitte la pièce. Eto’o demande alors à son directeur de convoquer le comité exécutif.
La Fédération camerounaise a annoncé un peu plus tard la mise à pied de Marc Brys après son échange houleux avec Samuel Eto’o. Martin Ndtoungou Mpile assurera l’intérim pour les deux matches qualificatifs pour la Coupe du monde 2026.
Plus tard dans la nuit, Instoppable, dans sa course folle, Eto’o et “son comité d’urgence”, comme il aime les appeler; va nommer un encadrement technique par interim dirigé par Martin Ntougou Mpilé.
Samuel Eto’o, en 7 jours, vire ainsi pour la deuxième fois Marc Brys. Un coach qu’il n’a même jamais nommé.
Et dans tout ce désordre, Paul Biya n’a plus jamais rien dit, alors que c’est lui même lors de son fameux discours à la jeunesse qui a déclenché tout ce désordre. La grosse curiosité dans cette crise, si on peut se permettre d’en relever; c’est que plusieurs coachs ont été nommés par le passé à travers le même mécanisme sans éclat de voix.