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Cameroun > An 40 de Paul Biya: Le Renouveau s’essouffle dans le tourment des conjonctures

C’est connu, quand Paul Biya accède à la Magistrature suprême le 6 novembre 1982, la politique du Renouveau national qui orientait son action politique s’appuyait sur la rigueur, la moralisation, la libéralisation et la démocratisation. Qu’en est-il quatre décennies plus tard ?

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Par Léopold DASSI NDJIDJOU

Il s’est agi en réalité pour le nouveau pouvoir de la volonté de démocratiser la vie politique, de libéraliser la vie sociale et économique, de gérer avec rigueur les ressources de l’Etat, de moraliser les comportements et de renforcer la coopération internationale. Faire un inventaire de ces principes revient à interroger en toute objectivité, da manière praxéologique leur influence sur la vie des Camerounais au quotidien.

En ce qui concerne la démocratisation de la vie politique, les lois sur les libertés du 19 décembre1990 sont venues briser le verrou de fer du régime d’exception dans lequel vivait le pays depuis les indépendances. En même temps que le Renouveau a ouvert les vannes, il s’est arrangé à s’assurer que dans la pratique, cette liberté retrouvée sur le plan légal soit contrôlée ou limitée au niveau de la pratique. Par exemple, si les Camerounais sont libres de manifester, il n’en demeure pas moins qu’ils rencontrent régulièrement, surtout ceux venant des rangs de l’opposition, une fin de non-recevoir des autorités administratives alors qu’en principe, on est dans un régime de déclaration et non d’autorisation. C’est une iniquité qui se lit aussi au niveau de la pratique de la politique multipartiste au Cameroun.

A l’évidence, quoique la loi ait permis à d’autres qui ont d’autres visions de la gestion des affaires publiques, de créer des partis politiques, tout se passe en réalité au quotidien comme si le parti au pouvoir, le parti présidentiel, n’arrive pas toujours à se départir de son cordon ombilical qui le lie à l’Etat. De ce fait, les autorités administratives, les autorités traditionnelles et religieuses ou les élites de tous bords, se comportent exactement comme s’ils étaient obligés à défaut d’œuvrer en faveur du parti du président de la République, d’afficher ostensiblement leur appartenance à ce parti. A quelles fins ? Le Rdpc aujourd’hui et ce depuis 1985, et d’ailleurs comme avant lui l’Unc, domine outrageusement la vie politique au sein des institutions politiques au point où certains parlent de « parti Etat », de « parti obèse », de « parti unique déguisé ». Et ce n’est pas gratuit. Tenez ! Sur plus de 300 partis politiques recensés au Cameroun, seuls 8 sont représentés à l’Assemblée nationale.

Alors que les 7 familles politiques de l’opposition comptabilisent 28 députés, le Rdpc a la part du lion avec 152 sièges sur les 180 de la Chambre! Il pèse donc 7,60 fois plus que toute l’opposition réunie ! Au Sénat, dans les Conseils régionaux et les conseils municipaux, la situation n’est guère différente et loin s’en faut. Le parti présidentiel compte au Sénat 87 sièges sur les 100 disponibles. Une démocratisation en trompe-œil ? Un bras de fer épais et tranchant dans un gant de velours ? On n’en est pas loin. Pour la petite histoire, on se souviendra que les militants du Mrc, parfois cueillis dans leur domicile, purgent en ce moment une lourde peine allant de 2 à 7 ans pour manifestation interdite, qualifiée au sein du sérail comme une tentative d’inciter les Camerounais à l’insurrection et autres.

En ce qui concerne la liberté de communication sociale, il y a eu certes une flambée d’organes de presses privées mais toutes ou presque sont handicapées sur le plan juridique par des chausse-trapes appelées « tolérance administrative ». C’est dire donc une autorisation ou une complaisance administrative de laisser la presse fonctionner en toute illégalité. Bien entendu, ceci participe de la volonté politique certaine de contrôler la presse dans son ensemble et particulièrement celle dite privée.

Liberté d’entreprendre et moralité en berne
Pour ce qui est de la liberté d’entreprise, il y a eu ouverture bien évidemment, à l’instar de la libéralisation dans plusieurs secteurs d’activités qui a donné des opportunités nouvelles aux Camerounais de se lancer dans plusieurs secteurs dont le monopole était jadis assuré par l’Etat ou les multinationales. Il en va ainsi par exemple des hydrocarbures, de la sécurité privée (sociétés de gardiennage) ou de l’enseignement supérieur. Le nœud gordien lié à cette libéralisation tous azimuts de l’économie, prise globalement, reste et demeure la pression fiscale jugée encore très forte par les investisseurs locaux, ce qui inhibe la création des emplois et de ce fait la croissance. Si en 1982, le taux de croissance tournait autour de 8%, il est de ce fait tombé aujourd’hui à 3 ou 4%.

Le Cameroun, autrefois pays à revenus intermédiaires au même titre que la Côte d’Ivoire ou le Sénégal en Afrique de l’Ouest, a sombré dans la catégorie de pays pauvres très endettés (Ppte) a n’a vu le bout de tunnel de son chemin de croix qu’en 2006, la douleur ayant commencé au début des années 1990 avec les différents plans d’ajustements (Pas), imposés par le Fmi pour sortir le pays du trou. A ceci il faut ajouter la dévastatrice et foireuse dévaluation du Fcfa de 1994 et ses conséquences. Cette situation faut-il le décrier, est la conséquence directe d’une gestion approximative des affaires publiques, très éloignée de la rigueur et de la moralisation dont s’était prévalue Paul Biya au début de son long magistère. Qu’on se souvienne qu’en 1998 et 1999, le Cameroun a remporté doublement le sinistre trophée du pays le plus corrompu du monde d’Amnesty international. Dans cette déculottée nationale, on se rend compte encore aujourd’hui que les mauvaises habitudes de détournement de deniers publics ont la peau dure.

En dépit des emprisonnements, la saignée continue. L’actualité en cours rafraîchit la mémoire : Cangate, Covidgate, les chantiers structurants à durée indéterminée qui prennent au sein de l’opinion les allures « d’éléphants blancs ». En peu de mots, le Renouveau, à l’entame de ses 40 ans, aura donné ce qu’il pouvait dans plusieurs secteurs à l’exemple de l’école, la santé, et autres mais aura manqué curieusement de prestance pour éduquer les Camerounais à une moralité éprouvée, au goût de l’effort, peut-être à l’impunité qui caractérise sur bien de plans le pouvoir camerounais, dont la tendance est le plus souvent de caresser dans le sens du poil là où il faut être énergique et intraitable.

En ce qui concerne le renforcement de la coopération internationale, le Renouveau aura marqué des points certains surtout au niveau de la gestion des crises avec son voisin nigérian mais par-dessus tout, avec la multiplication des partenaires bilatéraux et multilatéraux. C’est dire sans conteste qu’en dépit de tout, la diplomatie camerounaise aura été dans l’ensemble discrète mais tout autant efficace sur bien de fronts.

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