Avec Télesphore Mba Bizo
Le sensationnel a de l’audience au Cameroun. Le pays est rarement à l’abri du saugrenu. L’actualité diffuse cet inhabituel. Il s’agit, par exemple, du décès, pour le moins rocambolesque de Martinez Zogo.
Beaucoup sortent du bois pour monter au créneau à l’effet de condamner la barbarie. Mais ils réagissent un peu trop tard. Ces ambulanciers interviennent après la mort. La corporation avait déjà affiché une attitude « un genre, un genre », donc pour le moins curieuse. Martinez Zogo était en indélicatesse avec la justice. Nul n’avait levé le petit doigt chez les hommes et les femmes de média. Les paires lui formulaient le reproche de faire une pratique « un genre, un genre » du journalisme. Ils lui en voulaient à cause de la propagation des rumeurs.
Martinez Zogo avait donc essuyé un abandon de la part de ses confrères. C’est donc la faillite du devoir de confraternité. Ladite carence de solidarité au sein de sa famille professionnelle donne raison à J. Remy Ngono. Il s’était expatrié pour des motifs similaires. Son coup franc, rendez-vous de presse satirique, est l’ancêtre d’embouteillage de feu Martinez Zogo.
La mort actuelle amène ses homologues à se contredire. Cette contradiction ramène subitement la victime dans la famille des journalistes. Il fallait l’avoir fait plus tôt. Prendre la défense de Martinez Zogo face au reste du monde. Puis en interne lui tirer les oreilles au sein du tribunal des paires. Il s’agissait de le rééduquer au respect des faits. Lui réhabiliter la cervelle dans le rappel selon lequel ces faits sont sacrés. Il était même question d’aller plus, sans faire « un genre, un genre ». Lui apprendre que la pratique du journalisme est une activité dangereuse.
Un journaliste trouve la mort tous les sept jours dans le monde à travers l’exercice de son métier, selon les chiffres de Reporters sans frontière. Le journalisme de la dénonciation systématique et sauvage réveille la haine contre soi, entretient le danger permanent et expose aux éliminations physiques. Les actes de dénonciation sont des prises de risque en l’absence d’une loi anti-corruption.
Ailleurs, elle contient des dispositions liées à la protection des « whistle blowers », notamment les dénonciateurs. Ils connaissent, en général, des fins « un genre, un genre » pour ne pas dire bizarres. La mutation du monde en un village planétaire importe au Cameroun les pratiques des cartels de drogue. La mort de l’homme devient « un genre, un genre », en l’occurrence un fait divers. L’humain, cet être dit suprême, est réduit, comme il se dit en jargon journalistique, une activité « un genre, un genre », c’est-à-dire des chiens écrasés.
Tout à l’honneur de Martinez, une réaction, même au prix de la mort, est positive en journalisme. C’est une mesure d’audience. Les journalistes sans impact ne connaissent ni danger ni menace. Ils exercent plutôt un journalisme « un genre, un genre » qui se confond aux relations publiques.