Par Eric Boniface Tchouakeu
Cabral Libii, lui-même député et Secrétaire au Bureau de l’Assemblée Nationale, indique que cette somme sera prélevée sur les salaires perçus au parlement, des députés titulaires du Pcrn, au titre des cotisations spéciales au bénéfice de la formation politique. Le Président National du Pcrn qui repose sa décision sur les textes de la formation politique, précise également qu’en application de la nouvelle mesure, les parlementaires titulaires sont dispensés de tout autre versement mensuel obligatoire au profit du parti.
La décision du Leader du Pcrn, même si elle semble pour l’instant susciter peu de commentaires au sein de l’opinion, remet au-devant de la scène la problématique de la rémunération ou la non rémunération d’une certaine catégorie d’élus au Cameroun.
Il y a en effet dans le pays une forte discrimination légale en ce qui concerne la prise en charge des élus.
Le Président de la République, les députés et sénateurs titulaires et depuis quelques années maintenant, les membres des exécutifs municipaux et plus récemment encore les membres des exécutifs régionaux, sont les seuls élus qui bénéficient d’une rémunération mensuelle, même si certains trouvent les montants insuffisants concernant notamment les parlementaires.
A contrario, les députés et sénateurs suppléants élus le même jour et sur la même liste avec leurs titulaires ne reçoivent financièrement rien de l’Etat. Il en est de même des sénateurs suppléants nommés. Cette catégorie est la seule à ce jour, s’agissant de personnes appelées à servir la communauté, à ne rien percevoir comme salaire ou indemnités de l’Etat.
Par contre les simples conseillers municipaux et régionaux bénéficient des indemnités de session, une sorte de prime ou de jetons de présence, mais uniquement lors des sessions des conseils municipaux ou régionaux.
En combinant la loi et la pratique actuelle, les sessions du conseil municipal ou du conseil régional dépassent rarement deux par an dans toutes les collectivités territoriales décentralisées du Cameroun.
A l’observation in finé, très peu d’élus sont dotés des moyens par les pouvoirs publics pour mener à bien leurs missions qui consistent globalement à être au service des populations et donc des autres au quotidien.
Conséquence, bon nombre parmi eux sont contraints d’exercer d’autres activités professionnelles ; ce qui réduit le temps qu’ils peuvent accorder à la défense des intérêts des populations qu’ils sont censés représenter.
La recherche d’autres sources de revenus par certains élus est d’autant plus importante pour ces derniers parce qu’au sein de la population, et donc de leurs potentiels électeurs,on ne fait généralement pas de différence entre le titulaire et le suppléant au niveau des parlementaires, le membre de l’exécutif municipal ou régional et le simple conseiller, notamment en matière de sollicitations à caractère social.
Ils ont par exemple les mêmes obligations devant les groupes de danses suivant les usages camerounais.
Il est donc impératif pour l’Etat de tout faire pour doter tous les élus dans le pays, d’un minimum de confort afin de leur permettre de mieux exercer leur mandat.