C’était au lieu dit « Ebogo 3 » vers Soa, ville universitaire à quelques encablures de Yaoundé, certains diraient même une banlieue de la capitale. Le Chef de Chaîne de la radio urbaine « Amplitude FM » basée à Yaoundé était porté disparu depuis le soir du 17 janvier 2023, suite à son enlèvement par des hommes cagoulés à proximité de sa résidence selon certains témoignages.
Les autorités à travers un communiqué du Ministre de la Communication et Porte-parole du Gouvernement, Réné Emmanuel Sadi, avait indiqué le 20 janvier que Martinez Zogo n’était ni présent à son domicile, ni à son lieu de service ; ce qui laissait déjà craindre le pire pour ce dernier.
Créateur de l’émission « Embouteillages » lorsqu’il officiait sur les antennes de la Radio Tiémeni Siantou, organe où il a forgé sa personnalité médiatique, Martinez Zogo a ensuite transporté ce concept à succès au près du grand public ailleurs, notamment à « Magic FM » et « Amplitude FM ».
Le contenu de son émission qui faisait la part belle aux dénonciations des maux qui minent la société dans un style très particulier à l’animateur, lui valait une popularité au près du public, mais aussi des inimitiés des mis en cause.
En dépit du séjour de quelques mois en prison, du 22 janvier au 27 mars 2020, Martinez Zogo qui était pourtant davantage un acteur culturel, s’était attaqué durant les derniers mois dans les différentes éditions de son émission, à plusieurs dossiers politiquement sensibles mettant en cause des acteurs publics influents de premier plan.
Soutien déclaré et assumé du Président de la République Paul Biya, il aurait peut-être fait les frais des batailles que se livrent surtout en coulisse, des clans rivaux dans les cercles du pouvoir.
Son assassinat lâche et barbare démontre à quel point les commanditaires sont réfractaires aux libertés d’expression, d’opinion et par ricochet à la liberté de la presse.
Or il ne peut y avoir d’Etat de droit et de démocratie sans une presse libre, véritable contre-pouvoir et dernier rempart contre les abus des trois pouvoirs classiques constitués par l’exécutif, le législatif et le judiciaire.
Martinez Zogo n’est pas le premier journaliste assassiné au Cameroun.
L’ampleur de l’intérêt que son décès suscite au près de l’opinion mérite cependant que les circonstances exactes de sa mort soient élucidées au plus vite par la justice.
Il en va de la crédibilité de l’institution judiciaire dans tous ses maillons, mais aussi de celle des autorités ; ce qui est une nécessité dans le contexte sociopolitique délétère de l’heure.