Par Paul Tcheck
De nouvelles actualités viennent renforcer les incertitudes concernant la réalisation du projet hydroélectrique de Bini à Warak, dans la région de l’Adamaoua. Alors que les travaux sont à l’arrêt depuis plus de 2 ans, Sinohydro, l’entreprise chinoise chargée de la construction de cette infrastructure énergétique, a annoncé le redéploiement du matériel mobilisé sur le chantier vers d’autres projets répertoriés au Cameroun, dont il est le maître d’œuvre. C’est la substance principale d’une correspondance adressée au maire de Nganha, dans le département de la Vina, région de l’Adamaoua, par le directeur des Travaux de Sinohydro, le 25 août 2022.
«Nous venons respectueusement auprès de votre bienveillante autorité vous informer du déplacement provisoire de notre matériel mobilisé pour la réalisation des travaux d’aménagement du barrage hydroélectrique de Bini à Warak. En effet, conformément à la convention signée entre l’État du Cameroun et notre société qui prévoyait le lancement des travaux en 2017, nous avons mobilisé un ensemble de matériaux dans le but d’honorer nos engagements contractuels», peut-on lire dans ce document. Cependant, rendu à ce jour, Sinohydro indique que ce matériel déjà presque au terme de sa période normale d’amortissement, n’a pas encore été utilisé pour des raisons administratives ne relevant pas de sa responsabilité.
Ce qui, d’après l’entreprise chinoise, lui cause de sérieux préjudices financiers. C’est d’ailleurs dans l’optique de minimiser lesdits préjudices qu’elle a jugé «opportun de redéployer son matériel sur d’autres chantiers dont elle a la charge». Toutefois, cette initiative n’est que provisoire, rassure la firme originaire de l’empire du Milieu. A en croire cette dernière «ce matériel sera de nouveau mis à la disposition du projet en temps voulu pour l’exécution des travaux une fois que toutes les conditions seront réunies pour la reprise effective des travaux».
Pour mémoire, la construction du barrage hydroélectrique de Bini à Warak d’une capacité projetée de 75 mw est à l’arrêt depuis 2019, en raison des caprices du partenaire financier chinois quant au déblocage des ressources. En avril 2022, Gaston Eloundou Essomba, le ministre de l’Eau et de l’énergie indiquait que «Pour l’instant, ce projet connaît des difficultés du fait de la suspension du financement par le partenaire financier chinois Icbc depuis novembre 2019, bien que le gouvernement ait d’ores et déjà honoré ses conditions préalables, notamment les paiements des 23 milliards [de Fcfa, Ndlr] au titre des conditions de mise en vigueur du prêt. Mais, nous avons bon espoir que les travaux de ce barrage vont reprendre dans un horizon proche, étant entendu que les négociations devant aboutir à la finalisation du financement de ce projet ont repris entre le partenaire financier et l’État du Cameroun à travers le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire [Minepat]», a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse.