Par Arlette Akoumou Nga
Le corps sans vie d’Efang d’Ambazonie, également connu sous le nom de Big Number, a été abandonné sur la place du marché de Guzang pendant cinq jours, dégageant des odeurs nauséabondes. La scène dresse un tableau sinistre, avec le cadavre négligé gisant dans un état de détérioration.
Les circonstances entourant la présence du corps de Big Number sur la place du marché sont liées à un acte de représailles de la part de l’armée, soi-disant en réponse au meurtre présumé de deux civils au même endroit. Cependant, les conséquences du fait de laisser son cadavre en plein air s’étendent bien au-delà. L’abandon du cadavre a entraîné la fermeture de l’un des plus grands marchés de la région, aggravant ainsi une situation économique déjà désastreuse.
Mamoun, une marchande de vêtements d’occasion, a exprimé sa réticence à se rendre au marché à moins qu’il ne soit désinfecté. Elle a déclaré : « J’ai peur d’aller vendre mes marchandises et revenir malade… Si le marché n’est pas désinfecté, je ne peux pas y retourner pour vendre« . En outre, on craint de plus en plus que les actions du gouvernement n’aggravent les tensions et n’incitent à de nouveaux troubles au sein de la population.
Efang Emmanuel a pris de l’importance après la disparition du général autoproclamé Ivo pendant la crise anglophone. Malgré son allégeance aux ADF d’Ayaba Cho, son règne a été marqué par la terreur et la violence contre la population de Bali et certaines parties du département de la Momo. Les efforts visant à retrouver la famille d’Efang ont échoué, et personne n’est venu réclamer le corps malgré les annonces faites par les autorités hospitalières. La décision de l’armée de transférer le cadavre de la morgue de l’hôpital de Bamenda vers la place du marché de Guzang a suscité des questions sur le message qu’elle voulait transmettre et sur les répercussions potentielles de ses actions.
Capo Daniel, un leader séparatiste désormais basé au Royaume-Uni, a lancé un appel via une vidéo, appelant la Croix-Rouge et l’Église presbytérienne à aider à nettoyer la zone. Cependant, son plaidoyer a reçu des réponses infructueuses, car ceux qu’il a contactés, dont le modérateur de l’Église presbytérienne du Cameroun, ont indiqué que seul l’État pouvait les autoriser à enterrer Efang Emmanuel. Alors que la situation continue d’évoluer, une intervention urgente des autorités locales est impérative pour faire face aux risques sanitaires posés par le cadavre en décomposition et rétablir la normale dans la région. Ne pas agir rapidement met non seulement en danger la santé publique, mais risque également d’exacerber la situation sociopolitique déjà fragile de la région.
