Par Mon’Esse
L’économie camerounaise a affiché une bonne résilience en 2023, comparativement à d’autres pays, une tendance attribuée à la diversité et la quantité de l’offre des produits locaux sur le marché, selon le dernier rapport du secrétariat permanent du Comité de compétitivité.
Pendant l’année étudiée, la performance, toutefois bridée par la faible productivité et les inefficacités du pays en matière d’investissement, est apparue en deçà de la moyenne des pays membres de la zone franc avec un taux de croissance estimé à 3,3%.
Cette croissance, le pays la doit à la performance du secteur non pétrolier soutenue par les branches «Agriculture industrielle et d’exportation» (+5,7% après +3,9% en 2022), «Industries agro-alimentaires» (+5,5% après 4,9%), «Autres industries manufacturières» (5,2% contre +1,2%) et «Production et distribution de l’électricité» (+4,7% contre 1,2%).
Cette prouesse est par contre meilleure que la moyenne des pays exportateurs de pétrole, le pays étant, depuis 2020, le membre de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ayant enregistré le taux de croissance le plus élevé, mais aussi le moins dépendant du pétrole, un produit ne représentant que 17,6% des recettes budgétaires internes pendant la période étudiée.
L’économie camerounaise a ainsi maintenu sa résilience en 2023 malgré la persistance de la crise sécuritaire dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Dans le même temps, et selon le ministère des Finances, le déficit de la balance courante a connu une augmentation de 4,2% du produit intérieur brut (Pib) contre un an auparavant, résultante de l’aggravation de la balance des biens, de la réduction des soldes des échanges de services et des revenus primaires, ainsi que d’une amélioration du solde des revenus secondaires.
A propos des avoirs extérieurs nets, le Comité de compétitivité constate qu’ils ont baissé de 13,1% en 2023 pour s’établir à 2.792,1 milliards, les réserves de change représentant quant à elles 4,1 mois d’importation pour les pays membres de la Cemac, tandis que celles du Cameroun représentent 6,8 mois d’importations.
S’agissant des prix à la consommation des ménages, ils ont augmenté de 7,4% après 6,3% en 2022, tirés par les prix des produits alimentaires et les coûts de transport : sur la période 2021-2023, l’inflation cumulée a atteint 16,7%, conséquence de la flambée des prix de 2022 et 2023.
Comparé à la moyenne des zones géoéconomiques, ce taux d’inflation du Cameroun est apparu supérieur à celui des autres pays membres de la sous-région et de la zone franc, mais inférieur au taux d’inflation moyen des pays d’Afrique subsaharienne et des Etats exportateurs de pétrole.
À fin 2023, indique le rapport, le ratio de la dette publique était de 41,9% du Pib contre 45,3% un an auparavant, résultant de la réduction continue du déficit budgétaire, financé par une bonne mobilisation des recettes budgétaires internes, contrairement au ratio du service de la dette publique sur les exportations qui s’est aggravé de 55,6% contre 39,4% en 2022.
Au chapitre des investissements directs étrangers (Ide), entre 2022 et 2023, le Cameroun a enregistré une diminution de 23,4 % du flux net passant de 585,4 milliards de francs à 448,6 milliards, sa performance apparaît néanmoins inférieure comparée à celle de l’Angola (12.177 millions de dollars) et du Gabon (17.742 millions de dollars.
Par ailleurs, l’amélioration continue des recettes budgétaires constitue un indicateur de performance pour la consolidation de la résilience de l’économie face aux chocs exogènes.
Pour le Comité de compétitivité, stimuler la productivité globale des facteurs au Cameroun offre la possibilité de développer l’économie de manière plus efficace et plus durable, une action qui exige le renforcement de l’efficacité de l’investissement public, l’amélioration de la qualité des infrastructures et l’élimination des principaux goulots d’étranglement au sein des services logistiques afin de promouvoir les échanges commerciaux et la concurrence au niveau régional.
Le rapport suggère également, aux autorités, l’accélération du renforcement du système financier et bancaire et de l’accès aux services financiers.