Avec L’écrivain Calvin DJOUARI
Lorsque j’ai suivi Bruno Bidjang pour la première fois sur les chaînes télés, il me semblait être l’un des présentateurs les plus talentueux des chaînes télévisées au niveau du Cameroun. Il faut le reconnaitre, c’est un garçon qui dégage une intelligence indéniable, mais malheureusement, malgré cette intelligence, il commet trop d’erreurs. C’est regrettable que sa charmante épouse ne puisse lui prodiguer de conseils. Ce jeune homme a été mêlé à des affaires sombres, telles que l’assassinat du journaliste Martinez Zogo. Il a passé des jours difficiles de sa vie derrière les barreaux, aux côtés de son mentor. Contre toute attente, il a été libéré miraculeusement.
On aurait pu penser qu’il allait alors rendre grâce à Dieu et adopté une attitude plus sage. Mais non. Je croyais qu’en tant que directeur du groupe Anecdote, son emploi du temps devrait lui offrir une occupation suffisante pour éviter de se retrouver à nouveau dans les affres des réseaux sociaux, où il passait son temps à lancer des invectives qu’il diffusait à bouche que-veux-tu, critiquant et menaçant. Ce comportement laissait entrevoir qu’il n’aimait pas la liberté. Il est important de rappeler à notre jeunesse que le trop parler dans notre pays peut être fatal au Cameroun. Dans ce pays, une certaine discrétion est de mise. Prenez par exemple le cas d’Ateba Yené, un homme qui parlait beaucoup, le public l’adorait, il en est mort en parlant ; et pourtant, je doute qu’il soit décédé de mort naturelle. La même chose peut être dite pour Paul Eric Kingué. Je n’accuse personne, souvent nos problèmes familiaux nous desserrent plus que les marteaux politiques.
Je ne dis pas aux hommes d’action de se taire, mais notre pays est comme cela. Il y a une machine qui réprime les personnes émergeantes. Martinez Zogo a été piégé comme un enfant. Chantal Tuilé, qui avait décidé de se battre pour faire la lumière sur cet assassinat, a été réduit au silence. Dans un pays où même les membres du clergé ont été assassinés, il faut pas chercher à jouer le héros, personne ne se souviendra de toi une semaine seulement après ton enterrement. Je comprends que le pauvre Bruno est vulnérable, il dépend de son mentor, mais il ne devrait pas exécuter aveuglément les ordres d’un supérieur véreux. Il est recommandé, dans le code de conduite, de ne pas obéir à des ordres inappropriés. Sa deuxième expérience en prison devrait lui servir de leçon, et une fois libéré, il devrait rester tranquille.
Le Cameroun est un pays où les services de renseignement foisonnent. Bruno ne se rendait peut-être pas compte qu’il avait autrefois été libéré afin d’être surveillé de plus près. c’est être naïf. Très naïf. Ce jeune homme n’aime pas la liberté, il parle, il dit tout, tout ce qui lui vient à l’esprit pour plaire à son patron. Peut-être que je ne comprends pas très bien la situation, mais dans notre pays, on ne devient pas un héros en menant des combats comme celui-là. Si nos héros de l’histoire sont oubliés, un simple journaliste ne fera pas la différence. Il est déjà prouvé dans notre pays que personne n’est intouchable.
J’ai vu de nombreux opposants virulents, ici dans la diaspora, revenir au pays et se montrer calmes. Cela dénote de la sagesse, pas de la peur. Ce que nos yeux ne peuvent voir, notre imagination peut le mettre en lumière, permettant ainsi à la raison d’y accéder. Ce que je remets en question, c’est le fait que, en tant que journaliste, Bruno n’a pas examiné le système pour comprendre qui se trouve derrière l’adversité, ni n’a développé la capacité d’interpréter les décisions politiques ou judiciaires. L’homme politique est un homme des arrières pensées, dont chaque geste doit être interprété. C’est en comprenant cela qu’on peut saisir leur véritable intention. Les jeunes d’aujourd’hui ont du mal à comprendre ceux qui ont vécu, parce qu’ils n’ont pas encore saisi ce qu’ils sont eux-mêmes. Des proies pour ces grands.