Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Les Ambaboys ont de toute évidence changé de fusil d’épaule dans la longue commission de la violence depuis 2017 dans les deux régions troublées du pays. Ils ont maintenant tourné les armes vers les innocentes populations de la ville de Bamenda. Du bruit qui remonte du terrain, on apprend que ces entrepreneurs du mal, en ôtant la vie à la dizaine de citoyens, prenaient la peine de s’assurer qu’ils n’étaient pas des autochtones.
Ainsi dit, les allogènes qui habitent cette partie du pays éprouvent une peur bleue à n’en plus finir. Ils ne savent plus à qui se fier car à tout moment quelqu’un peut leur mettre une arme sur la tempe et appuyer sur la détente du seul fait qu’ils ne sont pas des « natives ». Dire que les populations sont traumatisées, angoissées par ces hommes du mal qui se fondent dans la population et frappent à l’improviste, est un euphémisme. On peut juger de la dimension de la frayeur par les différents messages de réconfort et d’appel au calme lancés par les hommes d’Eglise ou des Imans.
C’est dire que les entrepreneurs du mal ont touché l’âme de la citadelle Bamenda en plein, en versant du sang innocent dans le rue, le sang d’une population unie de cœur qui ne demande qu’à vivre en paix, à affronter les défis de le vie au quotidien. Désormais comme on l’a constaté la semaine dernière, ce ne sont plus exclusivement les symboles de l’Etat, à savoir les Forces de Défense et de sécurité, les administrateurs civils, les chefs traditionnels, les agents de l’Etat et les biens publics qui sont visés, mais les citoyens, la population.
Le conflit glisse ainsi sur le terrain de la terreur, de la psychose si chère aux terroristes pour jeter la population civile dans l’épouvante. Les Ambaboys savent qu’il est impossible que l’Etat place un policier derrière chaque citoyen. C’est pour eux une aubaine pour créer ce sentiment d’être en permanence à la merci de leurs coups le but visé. C’est poussé la population dans l’inconfort de la vulnérabilité! On a vu des populations apeurées par les assassinats de la semaine dernière, quitter illico presto la ville de Bamenda.
Epouvantées et choquées ! Seulement cette situation est tempérée par une autre pensée qui voudrait que cette irruption de violence et de meurtres est liée aux obsèques de Ni John Fru Ndi programmés à la fin de ce mois de juillet dans son village natal de Baba 2 non loin de Bamenda. Déjà, à l’annonce officielle du programme de ses obsèques, des inconnus, probablement les Ambaboys, ont incendié une de ses maisons dans son village, un peu comme pour marquer leur opposition à son inhumation dans la terre de ses ancêtres. Dans ce sillage, beaucoup d’analystes estiment qu’en fait, les meurtres des civils sont une couche supplémentaire de pression sur la famille du Chairman et le gouvernement, pour que ses restes reposent pour toujours au sein de sa résidence à Nkolfoulou à Yaoundé.
Il n’en sera rien car des sources auprès de la famille annoncent que le leader du Sdf sera bel et bien inhumé dans la terre qui l’a vu naître. A côté de ceci, les sources sécuritaires affirment que les auteurs de ces crimes barbares seront retrouvés et qu’ils seront traduits devant les tribunaux.