Avec Sosthene Médard Lipot
“Supplice d’un pouvoir absolu
Trois minutes et quarante secondes s’écoulent entre le moment où le maître des cérémonies annonce l’intervenant et la toute première prise de parole de ce dernier. La montée des marches vers la tribune est épuisante, et nécessite du repos. Il va falloir comprendre que les choses normales et sérieuses se passent debout, au pupitre. Surtout ne pas oublier de porter les lunettes… À l’évidence, l’homme et son entourage n’en font qu’à leur tête, contre les lois de la nature. Le démiurge a le visage amoché en dépit des soins : c’est, en quelque sorte, l’arbre qui cache la forêt.
Comment le président à vie a-t-il pu accepter intervenir en public que diantre, alors que sa forme psychomotrice est dévalorisante de façon irréversible, voire humiliante ? Honteux. Traumatisme : on eût dit un drapeau de la République en berne pour cause d’attentat terroriste ou de catastrophe naturelle particulièrement meurtrière. Que non ! Le respect des symboles s’impose aussi à un Chef d’État, fût-il nonagénaire.
Paul Biya a droit à la retraite, au village, c’est urgent. Voilà les limites de la propagande à outrance, les conséquences fâcheuses d’une inutile jactance frappée de désuétude.
En mondovision les Camerounais assistent abasourdis, impuissants(?) à la déchéance de l’homme du 6 novembre 1982, l’incarnation de la personnification du pouvoir. En rire ou pleurer ? La planète entière assiste au spectacle : un psychodrame. Le Cameroun retient son souffle”.