Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Le professeur Didier Olinga, a conduit les opérations sous sa casquette de président du comité scientifique. C’est le premier acte qui ouvre la journée avant la phase protocolaire de clôture. L’idée d’une grande stratégie si chère au professeur Wullson Mvomo Ela, est retenue.
« Nous sommes dans une situation de grande complexité devant s’échelonner dans la longue durée. Quels sont les piliers de cette grande stratégie ? Il y en a 2 : la globalité et la coopérativité »,
précise le conférencier.
Il poursuit son résumé scientifique du colloque en soulignant que l’essentiel des travaux des différents panels porte sur le fait que le nouveau monde est articulé autour d’un espace virtuel, fruit de l’intelligence humaine, avec un complexe d’innovations qui portent sur l’ensemble des activités de l’homme, et en partant la guerre. De ce point de vue, il préconise qu’il faut d’une part
« capitaliser les opportunités multivariées de l’Ia mais également maîtriser le champ de menaces tout à fait complexe présenté par les différents panels ».
L’Ia va au-delà de la dimension purement militaire et ses capacités.
Il faut avoir la capabilité au niveau des pays africains, c’est-à-dire « la capacité d’avoir une autonomie de décision ». Quelles sont les décisions que les dirigeants africains prennent dans le cadre des politiques publiques ? Ils doivent être en mesure de prendre des décisions qui protègent leurs intérêts sur le terrain de l’Ia. Cette question interroge le pilier de la globalité de cette grande stratégie. En ce qui concerne la coopérativité, puisque l’Ia est complexe, il faut créer des dynamiques de coordination à l’interne et des dynamiques de coopération à l’extérieur. La théorie des 3 C est ici de rigueur : la coordination, la complémentarité et la cohérence.
Quelle est la portée psychologique de l’Ia ? Il faut considérer l’Ia désormais comme une nouvelle grammaire de la puissance. Elle fonde une nouvelle recomposition de la puissance internationale. L’Ia devient un nouveau critère de redistribution de la puissance dans le monde.
« Il y a la question de la conscience et des contraintes géopolitiques que nous impose le nouveau monde. Le dilemme de sécurité, le dilemme relationnel en termes de rapport de force »,
tous ces différents aspects ont été pris en compte par les différents panels, ce qui montre une symbiose au sein du comité scientifique sur la question. Quant à la restitution plus détaillée des travaux, le panel 1 « comprendre l’intelligence artificielle : aspects théoriques et technologiques » a été porté par le professeur Marcel Fouda Ndjodo. Au panel 2 qui porte sur « les enjeux socio-politiques, économiques, juridiques et éthiques de l’Intelligence artificielle » le professeur Mathias –Eric Owona Nguini en a assuré la charge. Au panel 3,
« la défense et la sécurité à l’épreuve de l’intelligence artificielle : perspectives stratégiques, enjeux de défense et de sécurité »
le capitaine de vaisseau Sylvain Ndutumu était aux commandes.
Deux discours ont émaillé la phase protocolaire de clôture. Saïd Kamsouloum a félicité au nom du Mindef, le général Nka Valère pour le succès de l’organisation et les intervenants pour la qualité de leurs exposés.
« Les débats auront permis de comprendre que loin d’être une menace pour l’Afrique, l’intelligence artificielle (Ia) appelle à une responsabilité accrue de la part de ses concepteurs et de ses utilisateurs. Vous avez exploré les différentes facettes de l’ia, allant des avancées technologiques les plus récentes aux victimes éthiques »,
a-t-il confié.
Mais bien avant lui, le général de brigade Nka Valère, le commandant de l’Esig avait tenu à remercier toutes les parties prenantes dans le succès du colloque.
Esig en question
L’Ecole supérieure internationale de guerre (Esig) a été créée par le décret présidentiel du 13 janvier 2005 sous l’appellation de Cours supérieur interarmées de Défense (Csid). Elle constitue une entité du Centre de l’enseignement militaire supérieur (Cems), créé lui aussi par le même décret présidentiel. En 2013, sur une initiative présidentielle, le Csid devient l’Esig. En ce qui concerne son statut juridique, l’Esig est organisme interarmées, subordonnée au chef d’Etat-major des armées (Cema).
Cette école relève du commandement des Écoles et centres d’instruction interarmées (Comesiia), du Centre de l’enseignement militaire supérieur (Cems) et est placée sous l’autorité d’un officier supérieur (Comesig). L’Esig forme sur une scolarité annuelle de 11 mois, des officiers supérieurs des armées (terre, air, mer) et de la gendarmerie, aptes à commander de grandes unités et à exercer des responsabilités dans des états-majors, interarmées et interalliés, au sein des directions et des services, ainsi que dans des organismes ministériels et interministériels où se conçoit et se conduit la politique de défense et de sécurité.
Sur le plan pratique, l’enseignement à l’Esig couvre quatre domaines complémentaires qui favorisent l’acquisition des clefs de compréhension nécessaires à l’exercice des postes de responsabilité sus-évoqués. Il s’agit de la vision prospective sur le monde et sur l’Afrique ; la stratégie et art de la guerre ; les actions interministérielles et sécurité ; le management, leadership et anticipation. La devise de l’École est « la stratégie au service de la paix ». Son commandant est le général de brigade Nka Valère.