Par Perton Biyiha
Depuis plusieurs semaines, le ministère de la Santé Publique a engagé une initiative visant à assainir de manière définitive les circuits de fabrication et d’authentification des produits et compléments alimentaires destinés à la consommation humaine. Pour s’assurer de l’efficience et de l’efficacité de cette action, Malachie Manaouda, le chef de ce département ministériel a décidé de s’arroger toutes les prérogatives relatives à la délivrance des documents autorisant la commercialisation des produits susmentionnés. Dépouillant par la même occasion l’Agence des normes et de la qualité (Anor) de ses missions statutaires.
Le Minsante a d’ailleurs saisi le directeur général de l’Anor pour lui signifier ce réaménagement de la hiérarchie dans « J’ai l’honneur de vous faire connaître que mon département ministériel est au premier rang compétent à effectuer des visites sur le site à l’effet d’évaluer les conditions générales d’hygiène du milieu, visite du process et prélèvement des échantillons pour analyse complète dans les laboratoires», peut-on lire dans cette correspondance.
Pour légitimer cette démarche et renseigner l’opinion nationale sur les motivations qui l’ont poussé à opter pour cette démarche, Malachie Manaouda brandit les articles 71, 72, et 74 du décret du 3 avril 2013 portant organisation du ministère de la Santé publique, ainsi que l’article 1 alinéa 4 de la loi du 14 novembre 1964 portant protection de la santé publique et la loi du 11 décembre 2018 portant loi-cadre sur la sécurité sanitaire des aliments. Le membre du gouvernement met également en avant, sans les identifier clairement, les manquements observés dans le contrôle sanitaire des produits effectués par l’Anor. Il croit d’ailleurs savoir que « de nombreuses pathologies enregistrées dans nos formations sanitaires sont issues de la consommation des produits d’hygiène et alimentaires de mauvaise qualité». C’est pourquoi, il a invité Charles Boto à Ngon, le directeur général de l’Anor à informer ses collaborateurs qu’il leur est désormais interdit «de délivrer des documents qui attestent de la qualité des produits destinés à la consommation humaine»
Le directeur général de l’Anor n’a pas encore apporté de réponse formelle à cette mesure du Minsante qui pourrait lui faire perdre d’énormes rentrées financières. Mais en attendant, Malachie Manaouda a déjà pris les devants en rappelant aux entreprises qui n’ont pas encore sollicité une autorisation de mise en consommation humaine auprès de ses services de s’en rapprocher afin de se conformer, sous peine de sanctions. Ce n’est pas la première fois que Malachie Manaouda prend une telle initiative. En 2019, le ministre de la Santé Publique a suspendu l’homologation préalable des médicaments par laboratoire National de Contrôle de Qualité des Médicaments et d’Expertise (Lanacome), pour se réapproprier les prérogatives préalablement dévolues à cette institution d’expertise avérée en la matière.