Par Léopold DASSI NDJIDJOU
«Je m’adresse au ministre délégué à la présidence de la République chargé du Contrôle supérieur de l’Etat. Je commence : si un député détourne de l’argent, est-il poursuivi ou non ? Et si un employé à l’Assemblée nationale, qui n’est pas député, détourne de l’argent, il est aussi poursuivi ou non ? » C’est avec cette double interrogation que le député issu des rangs du Front national pour le salut du Cameroun (Fnsc) présidé par le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakary, a commencé sa croisade du jour contre la corruption à l’Assemblée nationale. Une vague de froid traverse l’hémicycle, ponctuée par quelques rires ironiques accompagnant l’entrée en scène de celui qui est déterminé de mettre les pieds dans les plats. Réputé proche du président de l’Assemblée nationale (Pan), Cacaye Yeguie Djibril, sa sortie visiblement fait mouche surtout au moment où l’opinion ne sait plus où mettre la tête avec les péripéties toujours en cours du limogeage ou remplacement du directeur du cabinet (Dircab) du Pan. « Le rapport de la Commission Ad-hoc, mis en place en ce qui concerne les détournements des deniers publics au sein de l’Assemblée nationale, est une parfaite illustration. Alors suivez mon regard. Achetez le silence, la clémence et l’hospitalité afin de gagner la soumission de certains est à la Une de l’actualité de l’Assemblée nationale. C’est pourquoi, chers collègues, je focalise tout mon regard et attention sur notre maison. Au regard de tout ce qui précède, nous constatons avec émoi, consternation que l’honneur de cette prestigieuse institution est écorné sur tous les plans », assène –t-il du haut de la chaire sans sourciller. L’Assemblée nationale, la caverne d’Ali Baba ? Il faut le dire sans ambages que dans cette institution, enfonce-t-il, la corruption a élu domicile. Pour illustration, il indique que le profil de carrière des fonctionnaires de l’Assemblée nationale est à tête chercheuse, qu’il faut être de la même proximité sociologique et géographique pour avoir un portefeuille conséquent, pour espérer quelques avantages. Toujours dans ce sens, il rassure que le recrutement des fonctionnaires de l’Assemblée nationale ne suit pas de canaux normaux. « Les uns et les autres ont créé un marché noir. A cet effet, tout est monnayé, l’octroi des marchés publics se fait dans l’opacité totale. Le paiement des prestations de services se fait dans les couloirs. Certains en ont fait une affaire personnelle et une épicerie du village », frappe dans le mille l’intrépide député.
Par ailleurs, revenant sur la lutte contre la corruption, il ajoute une couche à la peinture corrosive des pratiques répréhensibles en la matière au sein de la Chambre basse du parlement. « Il faut le dire sans ambages que dans cette institution, la corruption a élu domicile. Car les profils de carrière des fonctionnaires de l’Assemblée nationale est à tête chercheuse. Il faut être de la même proximité sociologique et géographique pour avoir un portefeuille conséquent, pour espérer quelques avantages. Le recrutement des fonctionnaires de l’Assemblée nationale ne suit pas les canaux normaux. Les uns et les autres ont créé un marché noir.
A cet effet, tout est monnayé, l’octroi des marchés publics se fait dans l’opacité totale. Le paiement des prestations de services se fait dans les couloirs. Certains en ont fait une affaire personnelle et une épicerie du village », soupire-t-il désabusé. Pour lui, échanger et informer sur la lutte contre la corruption au Cameroun oblige à interroger le bon sens. Lutter contre la corruption à son sens devrait d’abord commencer par l’Assemblée nationale.
Ceci, précise-t-il, en droite ligne avec l’adage selon lequel « avant de parler de la cour du voisin, il est judicieux de s’attarder sur la vôtre ». Dans une institution comme il le dit, où tout se fait en marge de la loi, où tout se fait selon les humeurs de certaines personnes et affidés et supplétifs, il appelle à y mettre de l’ordre.
« L’Assemblée nationale du Cameroun, troisième institutions de notre pays, devrait être le berceau de la transparence, de la légalité, d’égalité et surtout d’équité. Malheureusement, nous n’en sommes pas là. Nous sommes très loin de ces mots ».
conclut-il.
D’où la nécessité urgente d’un nettoyage des écuries d’Augias.