Avec Saint-Eloi Bidoung
D’aucuns le disent virtuel, désigné, putatif soupçonné, dauphin spirituel, naturel. Maintenant, Il va falloir faire aussi avec le fils du père de la Nation, qui vient revendiquer les restes de l’héritage de son père. Héritage Jadis légué à Monsieur Paul Biya.
Quand George Foreman devait s’opposer à Mohamed Ali à Kinshasa (ex-Zaïre), en 1974, les médias internationaux parlèrent du « Combat du siècle ».
Pourrions-nous en dire autant du combat probable qui pourrait opposer deux fils des seuls présidents la République que le Cameroun connaît depuis son indépendance ? L’un se nomme Franck Emmanuel Biya. Son père ne cesse de nous le montrer et de le montrer à toutes les occasions de hauts niveaux à travers le monde. Il l’aurait même présenté à Wladimir Poutine, après l’avoir bien vendu à Emmanuel « macro » pardon, « micron » que dis-je Macron. Tous les chefs de villages d’Afrique centrale le connaissent déjà très bien, puisqu’il assiste à leurs huis-clos sans rang protocolaire officiel au Cameroun. Dommage que son copain de jeu, Nouredinne Bongo soit en punition pour avoir voler de la confiture au frigo. Les deux se préparaient déjà à hériter de leurs pères. Heureusement, il y a Teodorino Nguema Obiang à Malabo, avec qui il partage une addiction pour les belles et coûteuses voitures.
L’autre en face s’appelle Mohamadou Badjika Ahidjo. Fils du premier président du Cameroun Ahmadou Ahidjo, Si le Nord a perdu le pouvoir en 1982, il entend prouver que lui, Badjika Ahidjo n’a pas perdu le Nord. Les primaires de ce duel annoncé, se jouent d’abord et déjà à Mbankolo.
Mbankolo, boue de campagne
La politique est sinistre et cynique disait un désabusé. C’est sur les coulées de boues transformées en couvercles de charniers que les hommes politiques vont se refaire une santé. On dirait des charognards. On dirait des nécrophages. On dirait des nécromanciens.
En voilà un qui y est allé, avec gardes pour sa protection et mégardes envers les esprits et les âmes éprouvés par la nature et pas que par la nature. Normal, c’est un citoyen compatissant disent les uns. C’est un politicien en campagne ou en précampagne électorale qui veut se faire voir comme un proche du peuple si durement éprouvé. Mais il reste que c’est le fils du président de la République et surtout un jeune camerounais très chuchoté pour celui devant perpétuer ce que son père aura fait du Cameroun. Soit il fera pire, soit il fera mieux, soit alors il ne fera rien du tout. Son attitude sur les lieux du sinistre laissait croire qu’il venait nous dire, que ce sera lui et pas quelqu’un d’autre parmi ceux qui s’agitent depuis des mois.
Et voilà d’autres qui passent par Mbankolo. On a vu des anciens candidats à la présidentielle qui sont allés lancer leurs campagnes électorales, en prélude à l’élection présidentielle anticipée qui se prépare en secret, au vu et su de tout le monde. Les morts de Mbankolo deviennent ainsi des martyrs de crimes rituels, ainsi qu’il y en a toujours à l’orée de l’élection présidentielle. Mbankolo devient un pèlerinage opportun favorisé par un événement impromptu. Les hommes politiques croient que nous sommes des esprits obtus pour ne pas voir la récupération cynique et malsaine des boues mortelle de Mbankolo. Combien étaient-ils à Ngouaché, à Damase,…où il y avait eu une catastrophe similaire ? Et pendant que les uns et les autres se mettent sous les lampions pour jouer leurs comédies ubuesques et macabres, on nous annonce l’arrivée de Mohamadou Badjika Ahidjo. tout aussi agitée et commentée que celle de Franck Emmanuel Biya,
Pas moins que le fils aîné de l’ancien président de la République du Cameroun. Un riverain de Mbankolo ne m’a pas caché son opinion : « comme Franck Biya est venu, Badjika aussi arrive. C’est ici qu’ils viennent faire leurs campagnes électorales ? Sur les cadavres ? »
Badjika veut l’héritage de son père
Le fils d’Ahmadou Ahidjo vient à Mbankolo. Ainsi que Franck Biya y était lui aussi. Cela n’aura été qu’une étape de sa campagne électorale pour le fauteuil du palais d’Etoudi construit par son père et sur lequel il se sent subitement des droits.
Son challenger présumé est soutenu par des mouvements flous et désordonnés, qui se sont donnés pour objectif de le présenter comme étant le seule bon choix à la succession de son père. Son père l’aide aussi beaucoup dans ses efforts pour faire résonner moins bruyamment les casseroles attachées à ses chevilles. D’autant plus que des têtes brûlées de l’entourage de sa Belle-Mère ont décidé de balancer sur la place publique toutes les affaires immondes que cache la vie discrète du « prochain président de la République », nommé Franck Biya.
Mohamadou Badjika Ahidjo, qui manifeste la volonté de se présenter devant la justice du peuple pour revendiquer le Palais de l’Unité construit par son père ; sera défendu par un collectif en construction dénommé « Mouvement des Badjikaistes pour le redressement du Cameroun » (Mbrc). Il faut désormais s’habituer à ce sigle et à ce mouvement qui a pour projet de société, en résumé, la poursuite de l’œuvre de l’ancien président de la République Ahmadou Ahidjo.
Ainsi, chaque pas du fils d’Ahidjo, sur la boue, sur les cadavres enfouis dans les décombres de Mbankolo a été scanné, analysé et fera l’objet de gorges chaudes qui nous conduiront certainement vers les échéances politiques certaines.
Mbankolo comme en boxe aura servi d’etape de pesée aux futurs pugilistes .Pensez un peu à cette affiche inédite : un fils qui veut reprendre les choses laissées par son père, face à un fils qui veut reprendre les choses laissées par son père. Les autres hommes politiques en campagne à Mbankolo seront alors piétinés autant qu’ils piétinent les cadavres emportés par les eaux du lac « dit » de Grégoire Owona.
Comment Badjika Ahidjo fera-t-il pour se retrouver, si jamais on lui rétrocédait l’héritage de son père ? il sera assurément perdu. La Cameroon Airlines n’existe plus, le Fonader a disparu, l’Oncpb s’est écroulé mais son dernier directeur général est député à l’Assemblée nationale, le hall de l’aéroport de Nsimalen pue les urines à causes des toilettes bouchées ; la Regifercam a déraillé et la camship a coulé au large du Wouri. Il va se perdre, Badjika ! Il cherchera la Mideviv, la Sotuc, le Fogape, la Bcd, le Crédit Agricole, la Celucam, Cnce, et ne les trouvera plus. Même la baignoire et la table du bureau de son père, reliques historiques intouchables ont disparu emportés par des « individus non identifiés ». S’il avait été sous ces cieux que visitent les grands prédateurs de ce pays, Il ne reconnaîtra plus la célèbre et jadis magnifique résidence présidentielle de Nachtigal, sur les bords de la Sanaga, aujourd’hui délabrée et abandonnée au profit de l’hôtel Continental de Genève ; la résidence des hôtes du mont-Fébé enfouie sous de grandes herbes après avoir hébergé de célèbres personnalités mondiales. Ce sera des fils à retordre pour le fils d’Ahidjo que de se retrouver dans les broussailles de l’héritage de son père.
Franck Emmanuel Biya, opposera les « grandes réalisations » de son père. Il lui présentera donc, l’hégémonie des sectes et cercles ésotériques, les pratiques sexuelles contre-nature du haut au bas de l’échelle de la société, les enrichissements « illicites et scandaleux et sans cause» des fonctionnaires ; le stade d’Olembé, aire de jeu des dribbleurs de FC Task Force. Franck Biya opposera à Badjika Ahidjo l’autoroute Yaoundé-Douala qui ne parviendra plus à Yaoundé…ce seront des fils à retordre pour l’un et l’autre des fils. On attend la suite de l’affaire sans suite. Pendant ce temps, Paul Biya annonce : « Game Over ».