Par Mon’Esse
Le ministre camerounais en charge des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf), Henri Eyebe Ayissi, est nommément cité comme instigateur dans une tentative d’accaparement d’un domaine appartenant à la British American Tobacco (BAT) dans la capitale, Yaoundé.
Cette entreprise a, le 24 juillet, adressé un appel urgent de près de 3 pages au président Paul Biya en vue de son intervention, dans ce conflit foncier susceptible d’affecter les opportunités d’investissements directs étrangers en faveur du Cameroun,
Le 25 avril 2024, rappelle BAT dans cette missive consultée par la rédaction, qui affirme par ailleurs poursuivre des activités commerciales sur le site, ledit Mindcaf a pris un arrêté libérant 4ha27a56ca du patrimoine de la multinationale, sis dans le quartier huppé de Bastos, pour reverser cette surface dans le patrimoine de l’Etat, sur les 10ha de propriété acquis depuis 1950, et la rétrocéder à certaines familles.
Pour la société, l’acte de Henri Eyebe Ayissi viole, clairement, les lois et règlements en vigueur en matière foncière.
Le Mindcaf, à qui une demande d’information a été adressée sur le sujet, n’avait toujours pas réagi, jeudi en mi-journée.
Et parmi les familles ayant reçu des titres fonciers sur le site querellé, BAT cite Olivier Chi Nouako, cet avocat d’origine camerounaise, révoqué du barreau québécois, porteur il n’y a pas longtemps d’un projet d’hôtel 5 étoiles à l’origine d’expropriations d’une soixantaine de familles, en mai 2022 au quartier Dikolo, dans la métropole économique, Douala, au mépris de leur statut de propriétaires légaux, pour la plupart.
Le 24 mai 2023, le tribunal administratif avait annulé le décret d’utilité publique, et M. Chi Nouako, qui avait introduit un recours contre cette décision, fut débouté le 15 février 2024 par la justice.
En dehors de cet homme controversé, à qui sont attribués 7878ha à Bastos, figure aussi son propre fils, Mathieu Chi Nouako, qui s’en sort avec un lopin 550m2, mais également l’épouse de l’intendant adjoint de la présidence de la République, Cleopasse Medoulou, la nommée Mezoe Vigouroux (964m2).
Last, but not the least, apparaît le nom du directeur du cabinet civil (DCC) de la présidence de la République, Samuel Mvondo Ayolo (1000m2), pour un total de 37 personnes ayant, «illégalement», acquis des titres de propriété sur le site querellé, sur lequel BAT affirme détenir le titre foncier n°175/Mfoundi.
Le protestataire indique avoir, depuis lors, entrepris plusieurs démarches dont un recours gracieux, déposé auprès du Mindcaf, mais aussi un recours à exécution.
Et, alors qu’elle attendait l’aboutissement desdites démarches de conciliation, BAT dit son étonnement quant à la vitesse et la diligence avec lesquelles Henri Eyebe Ayissi conduit ce dossier, lui qui le 25 juin a pris un autre arrêté dépossédant, carrément, cette société du reste de ses 5,8ha du quartier Bastos, de nouveaux titres fonciers y étant en cours d’attribution.
D’où cette mise en garde, sur les risques que fait peser un tel dossier sur le climat des affaires et la réputation du Cameroun auprès des investisseurs étrangers.