Par Eric Boniface Tchouakeu
Dans une correspondance adressée le 06 janvier 2023 au Gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, 71 des 90 conseillers régionaux demandent à Midjiyawa Bakari de convoquer ce 16 janvier 2023, ce que le Gouverneur n’a pas fait, une session extraordinaire de l’Assemblée Régionale, à l’effet de destituer l’actuel Président de l’institution.
Daniel Kalbassou est notamment accusé de non respect des délais de convocation des sessions ordinaires consacrées au vote du budget, le refus manifeste de collaborer avec les conseillers régionaux, la gestion partiale et intéressée des ressources de l’institution avec l l’implication des membres de sa famille. Des proches de ce dernier réfutent ces accusations.
Cependant elles sont illustratives de certains maux dont souffrent les conseils régionaux au Cameroun depuis leur mise en place effective en mi -janvier 2021
C’était à travers la prise de fonction des Chefs des exécutifs régionaux au terme des premières élections régionales organisées le 06 décembre 2020.
Prévue dans la loi fondamentale du 18 janvier 1996, les régions comme Collectivités Territoriales Décentralisées ont ensuite pu être matérialisées grâce à la loi du 24 décembre 2019 portant code général des collectivités territoriales décentralisées, adoptée en droite ligne de certaines recommandations du Grand Dialogue National. Ce rendez-vous tenu du 30 septembre au 04 octobre 2019 à Yaoundé, avait prioritairement pour but de proposer des solutions pour résoudre la crise dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
En théorie, les compétences des régions sont importantes notamment dans la promotion du développement socio économique, et culturelle dans leurs espaces géographiques. Mais le niveau de transfert des ressources de l’Etat central vers ces entités afin de leur permettre d’accomplir leurs missions est encore très en déça des prescriptions légales.
Dans ces conditions, il est difficile pour les Chefs des exécutifs régionaux et même leurs différentes assemblées de se déployer au mieux, en dépit de leur grande expérience relativement au parcours professionnel des hommes et femmes qui les animent.
C’est notamment pourquoi les populations ne ressentent pas encore véritablement l’impact de l’existence des régions dans leur quotidien. Les Présidents des conseils régionaux sont aujourd’hui réduits à inaugurer les chrysanthèmes. Dans son message de vœux aux Camerounais le 31 décembre 2022, le Président Paul Biya évoquant la décentralisation, a indiqué qu’il fallait y aller de manière méthodique, presque étape par étape.

Mais la réalité impose l’urgence, à cause du temps mis entre l’adoption des textes et leur implémentation et du fait des aspirations légitimes des populations à s’occuper de la gestion de leurs affaires au niveau local.
Il y a surtout la crise à résoudre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest dont les racines mettent en exergue le quasi échec de la politique de la décentralisation jusque là pratiquée.