Par Éric Boniface Tchouakeu
A l’occasion et comme de tradition, des parades civiles et militaires ont notamment été organisées à travers le territoire national pour marquer l’évènement.
Comme de coutume aussi des formations politiques ont mobilisé leurs «militants »et « sympathisants » pour participer aux défilés civils.
La phase de la parade civile consacrée au passage des partis politiques est généralement utilisée par ces derniers à des fins de propagande sous forme de« démonstration de forces » , dans le cadre d’une stratégie de marketing politique ou pour faire passer des messages politiques.
En 2022 par exemple, les militants du Social Democratic Front (SDF) ont défilé au Boulevard du 20 mai à Yaoundé, les mains posées sur la tête en signe de deuil, pour selon le parti, attirer l’attention sur la mort de nombreux enfants dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, à cause de la crise qui y sévit depuis fin 2016.
Il est souvent aussi arrivé aux partis politiques de l’opposition, d’utiliser le jour de la célébration de la fête nationale pour mener des actes de protestations politiques par le biais notamment du boycott de l’événement. Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et le SDF ont déjà eu dans le passé à se servir de l’arme du boycott du 20 mai.
Pour revenir à la participation au défilé, il convient de relever que tous ceux que plusieurs partis politiques font défiler sous leurs couleurs, ne sont pas forcément leurs militants, encore moins leurs sympathisants.
Des tenues de ces partis, généralement des T-shirts, polos, casquettes et autres écharpes ne sont remis aux défilants, souvent des badauds et même des élèves encore mineurs d’un point de vue de l’âge électoral, recrutés sur place, que le jour du défilé, parfois quelques minutes seulement avant leur passage devant la tribune officielle.
C’est l’une des raisons pour lesquelles, une formation politique, incapable de trouver des personnes pour constituer une liste de 25 candidats à une élection municipale dans une commune, est quand même capable de faire défiler plusieurs carrés de militants, en réalité fictifs le jour de la fête nationale dans ladite commune.
Il faut aussi noter que des appuis que des pouvoirs publics ont parfois apportés à certaines formations politiques pour faciliter leur participation aux défilés le jour de la fête nationale,
ont fait naître le phénomène qu’on pourrait appeler « des partis politiques du 20 mai »,entendez, des formations politiques visibles sur le terrain uniquement ce jour-là et jamais à une autre occasion, y compris lors des périodes électorales.
Au regard de tout cela, il faut donc se garder de mesurer le poids réel d’une formation politique au Cameroun à l’aune de son déploiement sur le terrain le jour du défilé du 20 mai.