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Cameroun | Démocratie: Démocrature et consensus

Qu'est-ce que la démocratie? S'agit-il tout juste d'organiser des élections et de laisser le libre champ aux victorieux de faire désormais à leur guise une fois au pouvoir?

Par panorama papers
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Par Léopold DASSI NDJIDJOU

Dès lors et comme il convient souvent, il faut attendre, selon les camps, dans le stress ou l’ivresse, les prochaines consultations électorales pour de nouvelles joutes. Plus clairement dit, et ce à l’observation, la démocratie dans beaucoup de pays se conjugue par exemple au seul fait de la multiplicité des candidatures aux différentes fonctions électives. Une fois les élections terminées, il faut attendre la fin du mandat pour suivre à nouveau des discours politiciens bruyants et brumeux, aux fins de séduire le peuple souverain. Ceux qui sortent vainqueurs des urnes, obtiennent ipso facto des sortes de passe droit pour faire à leur guise au détriment des vaincus. C’est le cas en général et par là même, la démocratie devient une forme de dictature de la majorité sur la minorité, qui subit silencieusement le martyr, en attendant son tour aux affaires. Cela signifie par exemple qu’à l’issue d’une élection présidentielle, le parti vainqueur avec ses alliés, s’arrogent tous les postes et privilèges et renvoient les vaincus à la dèche, sous bonne garde de la baïonnette. C’est d’ailleurs là le substrat du Livre vert de Mouammar Kadhafi. La démocratie sous le prisme du seul critère de compétition pour l’accession au pouvoir est aujourd’hui l’une des sources principales des conflits à travers le monde. Sous cet angle, la première victime de la démocratie est le peuple souverain qui vote ses dirigeants mais ceux-ci se retournent contre lui une fois aux affaires. Qu’apporte la démocratie sous cette forme aux peuples d’Afrique aujourd’hui? Peut-il avoir réellement une démocratie en faveur du Souverain sans obligation faite aux dirigeants de rende compte de leur gestion ? Les élus de ce fait sont justiciables de leur bilan devant celui qui leur a confié le pouvoir. Or, que se passe-t-il généralement ? Une fois au affaires les élus
travaillent dès lors pour la mise sur pied des moyens ou des mécanismes illicites pour se maintenir au pouvoir. Ils font des mains et des pieds pour s’affranchir de la capacité de nuisance des électeurs. De ce fait, dans beaucoup de pays à travers la planète, le suffrage exprimé par le peuple est constamment et régulièrement tronqué, le canevas de devolution du pouvoir taillé sur mesure par une poignée, une oligarchie, contre la volonté d’un grand nombre. La définition usuelle et classique attribuée à Abraham Lincoln qui disait que la démocratie est le gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple expose dès lors toute sa fadaise. Les gouvernants ne rendent pas compte au peuple de leur gestion des affaires publiques fortifiant des structures anthropophages de la volonté du peuple, des mécanismes anesthésiant toute forme de contestations en cas de frustrations populaires. La démocratie sous ce prisme, d’aucuns l’appellent la démocrature. Alors on peut dès lors se demander, quel est le distinguo entre une accession au pouvoir par la force et la démocrature. Pour se faire une idée sur la question, l’exemple gabonais de fraîche mémoire est explicite. Alors que le président déchu, Ali Bongo proclamait bonnement sa réélection comme il en était allé en 2017, en dépit du fait que vraisemblablement les urnes disaient une autre vérité, l’Armée est sautée sur l’occasion pour s’emparer du pouvoir. Une seule question ! Qui viole la pratique démocratique, l’Armée ou le président déchu ? On se souviendra qu’en 1987, au moment où Blaise Compaoré assassinait le président Thomas Sankara, il s’était justifié en parlant de ” rectifier la révolution”. La suite de l’affaire appartient à l’histoire. On conviendra de ce fait que la démocrature et les coups d’État sont les fils d’un même père : la dictature.

Le consensus comme pierre angulaire de la démocratie

Dans les grandes démocraties du monde, la recherche inlassable du consensus est le point d’orgue de l’action politique. Aux États-Unis, à la Chambre des Représentants, les Républicains et les Démocrates expérimentent dans la douleur la recherche du consensus pour une stabilité de l’institution. En Israël, au moment de lancer la guerre contre le Hamas, le Premier ministre Benjamin Netanyahou s’est accordé avec tous ses adversaires, opmosants politiques. C’est sous la bannière de ce consensus qu’il a lancé l’offensive. Dans les démocraties en construction, c’est précisément ce consensus qui fait problème. L’opposant politique est considéré généralement comme un ennemi, un renégat infréquentable. Ousmane Sonko au Sénégal est en prison, pour des raisons très floues ou douteuses, mais personne n’oublie qu’il paie en réalité le lourd tribut de s’être farouchement opposé au troisième mandat du président sortant Macky Sall. Combien sont-ils encore, les opposants en Afrique qui croupissent en prison du fait de leur engagement politique ? Ce n’est pas un vain mot le consensus. Quand bien même des entités sont guerre, il est de notoriété que pour faire la paix, les belligérants doivent finir par s’asseoir autour d’une table pour dialoguer, pour rechercher le consensus. “Nous sommes tous les mendiants de la paix “, proclamait Paul Biya à la tribune des Nations Unies! Cette maxime résonne fortement et appelle les plus forts, que ce soit au niveau des États ou en interne, à tendre le bras aux plus faibles. On n’est pas fort et respecté parce qu’on écrase tout sur son chemin, mais c’est par l’altruisme que les puissants manifestent envers les faibles. La démocratie sans consensus est, comme indiqué, une dictature de la majorité sur la minorité, une dictature tout simplement. La démocratie à visage humain ne construit pas des murs de béton entre les composantes sociales ou politiques, elle ne met pas les partis politiques en posture de chiens de faïence. Au contraire, elle pose des actes humanistes pour éteindre des éventuels niches conflictogènes. Le Soudan est à feu et à sang, parce que deux hommes en tenue, imbus d’eux-mêmes, refusent de voir le champ de ruine, la dévastation, le lac de sueur et de sang, causés par leur folie meurtrière. Ce peuple est pris au piège des tenanciers du pouvoir qui pourtant lui appartient. Qui aidera ce peuple à s’approprier en totalité de sa volonté constitutionnelle ? Celle d’élire des gouvernants qui oeuvrent au quotidien pour leur bonheur. Tout pouvoir dit démocratique qui n’a pas un visage humain, qui n’a pas l’épanouissement de l’homme au cœur de ses préoccupations, est tout, sauf une démocratie. Certainement une dictature ou une démocrature. C’est selon!

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