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Cameroun > Demons ou anges: La police camerounaise est à leur image

Ces hommes qui ont façonné la police camerounaise. Ils sont commissaires divisionnaires ou administrateurs civils.

Par panorama papers
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Par Arlette Akoumou Nga

Du pionnier Jean Marie Evina Edjo’o jusqu’au secrétaire d’État chargé de la sécurité intérieure Jean Fochivé ; ces hauts commis de la république ont marqué d’une empreinte indélébile l’histoire de ce corps d’élite.

I- Jean-Marie Evina Edjo’o (1960 – 1962): Le Pionnier

Jean-Marie Evina Edjo’o naquit le 05 janvier 1912, il fit ses études à l’Ecole Supérieure de Yaoundé et à l’Ecole d’Administration de France. Porté à la tête de la police camerounaise à l’aube des indépendances, ce natif de l’ancienne province du Centre- Sud, assuma les fonctions de directeur de la sûreté nationale pendant deux ans. Avant sa nomination à cette haute fonction ; Evina Edjo’o avait été tour à tour servi comme ; chef de Sub-division de Yaoundé-Nlongkak, chef de Poste d’Obala, chef de Sub-division de Douala-Bassa ensuite à Foumban et Ebolowa. Il mourut le 12 juin 1969.

II- Paul Pondi (1962- 1972): Le premier commissaire divisionnaire

Né le 10 février 1928 à Ngog Bassong dans l’arrondissement de Nog mapubi, département du Nyong et Kellé, Paul Pondi fit ses études primaires à Makak. De la sixième à la classe de première, il passa par ce qui est connu aujourd’hui sous la dénomination collège évangélique de Libamba. Et c’est tout naturellement en 1955, qu’il décrocha son baccalauréat au Lycée général Leclerc. Major au concours d’entrée à la police en 1960, il eu pour camarades de promotion Pierre Minlo Medjo’o et Jean Fochivé. Nommé délégué Général à la Sûreté Nationale le 05 mars 1962, Paul Pondi est le tout premier camerounais a porté les six étoiles dorées de commissaire divisionnaire.

En 1972, il fut nommé ambassadeur du Cameroun au Zaïre et au Rwanda avec résidence à Kinshasa. Dès 1977, où il est muté en Grande-Bretagne, Norvège, Finlande et en Suède avec résidence à Londres. En 1981, fut promu Ambassadeur du Cameroun aux USA, avec résidence à Washington. Pendant son séjour aux États-Unis, il aura été doyen des diplomates africains et doyen du Corps diplomatique. Paul Pondi décéda le samedi 31 août 2013 des suites de maladie à l’âge de 85 ans.

III- Samuel Enam Mba (1972- 1976): Sur les pas de Evina Edjo’o…

Né le 22 mars 1928 à Nnelefoup dans la Mvila, région du Sud, Samuel Enam Mba était diplômé de l’Institut des Hautes Etudes d’Outres-mer de Paris. Entré dans l’Administration en 1959 comme sous-préfet de Bertoua, il fut tour à tour chargé des missions à l’Information au Cabinet du Premier Ministre, chargé des missions aux relations parlementaires ; directeur de cabinet du premier Ministre du Cameroun Oriental, préfet des départements du Nkam, de la Lékié et du Moungo ; Inspecteur Fédéral du Centre-Sud.

Il fut nommé Délégué Général à la Sûreté Nationale le 05 avril 1972. Poste qu’il occupa jusqu’au 08 septembre 1976. Il rendit son dernier soupir, le 16 décembre 2006 à Yaoundé des suites de maladie, à l’âge de 78 ans.

IV- Samuel Ngbwa (1976- 1983): Le mouton noir de Biya Paul

Si Ahmadou Ahidjo avait pris en compte son bulletin de renseignements ; Paul Biya ne serait jamais devenu président de la république du Cameroun. En 1982, Samuel Ngbwa qui est aujourd’hui âgé de 88 ans ; avait à la demande d’Ahmadou Ahidjo commis une note d’information à charge. En effet, l’ancien patron de la police déconseillait vivement au père des indépendances de faire de Paul Biya, son successeur constitutionnel, au motif que l’ex premier ministre était quelqu’un de peu fiable. Limogé à ce poste après l’accession de l’actuel chef de l’Etat à la magistrature suprême, il fut nommé en 1983, directeur des affaires générales au ministère du travail et de la prévoyance sociale.

V- Martin Mbarga Nguelé (1983- 1984, 2011… : Le plus vieux flic encore en fonction

Directeur des renseignements généraux en 1982, Paul Biya lui doit pratiquement son accession à la magistrature suprême. À l’opposé de son ex patron Samuel Ngbwa ; le commissaire divisionnaire Martin Mbarga Nguelé avait commis une note d’information favorable à l’ancien premier ministre. C’est pour le récompenser, que l’actuel Dgsn avait été muté comme ambassadeur au lendemain du coup d’État avorté du 06 Avril 1984. Sa longévité de 12 ans à la tête de la police camerounaise y tiendrait également.

VI- Denis Ekani (1985- 1989): Le réformateur

Né le 15 novembre 1930 à Mbongo, dans la Mefou et Akono. Denis Ekani était un administrateur civil formé à la prestigieuse école française d’administration. Docteur en droit et avocat ; il fut aussi Directeur général de l’organisation africaine de la propriété intellectuelle (1965-1984). Il reste d’abord perçu dans ses fonctions de patron de la police ; comme un grand réformateur. On lui doit notamment la mise sur pied du fameux Gso ou groupement spécial opérationnel (ancêtre du Gso). Il est mort le samedi 24 avril 2008, dans un hôpital de Florence en Italie des suites de maladie, à l’âgé de 78 ans.

VII- Gilbert Andze Tsoungui (1989- 1990): La fidélité chevillée au corps

Limogé de la grande muette, Gilbert Andzé Tsoungui fut parmi les premières personnalités neutralisées par les mutins au petit matin du 06 Avril 1984. Patron de la police, pendant douze mois, ce ponte du régime de Yaoundé est considéré par des observateurs avertis du landerneau politique, comme celui là même ; qui avait inversé les résultats de la présidentielle d’octobre 1992 au profit de Paul Biya ; arrivé troisième du scrutin derrière les candidats Ni John Fru Ndi du Sdf et Maïgari Bello Bouba de l’undp. Des indiscrétions font savoir que le passage de cet administrateur civil chevronné à l’immeuble siège de la police sis au lieu dit carrefour Nlongkak à Yaoundé ; visait surtout à le préparer aux hautes fonctions futures. Il a tiré sa révérence, le 9 Avril 2007 à Bruxelles des suites de maladie, à l’âge de 77 ans.

VIII- François Roger Nang (1990- 1991): L’éphémère chef de corps…

Nul ne se souvient plus, du passage de cet éphémère délégué général à la sûreté nationale à la tête de la police. Réputé timoré et indécis ; cet Administrateur civil n’a pas tenu, dans ses fonctions, au-delà de douze mois. Né le 14 juillet 1928 à Zalom, dans le département du Nyong et Mfoumou, région du Centre ; François Roger N’nang a quasiment disparu des radars.

IX- Jean Fochivé (1991- 1996): Le meilleur des maître-espions

Né en 1931 à Foumban dans le département du Noun, Jean Fochivé fit son entrée dans l’administration camerounaise en 1950, comme Auxiliaire. En 1952, il entra à l’école de police de Yaoundé. Il fut major au concours des inspecteurs adjoints de police en 1956. En 1958, il est major au concours d’entrée à l’école supérieure de police de Dakar. Il fut en 1960, major « Africain » de la promotion. Après l’indépendance, il est envoyé à Paris pour y être formé au renseignement.

Le retour aux affaires de l’ancien patron de la police politique d’Ahmadou Ahidjo fit l’effet d’une onde de choc, dans les rangs de l’opposition camerounaise pendant les années dites de braise. Sans son apport, il va sans dire que Paul Biya ne serait peut-être plus au pouvoir de nos jours. Nommé secrétaire d’État chargé de la sécurité intérieure (Sesi) en 1991; l’ex chef du contre-espionnage devint délégué général à la sûreté nationale de 1992 à 1996.

X- Luc Loé (1996- 1997): erreur de casting

L’ex gouverneur de la province du littoral était arrivé à la tête de la police camerounaise suite à une erreur de casting. Paul Biya avait plutôt jeté son dévolu sur l’ex gouverneur de la province du Nord-ouest Bell Luc René; mais l’ancien secrétaire général de la présidence de la république avait à la dernière minute ; préféré faire appel à Luc Loé qui était pourtant déjà, délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine d’Édea. Limogé quelques mois plus tard, il est décédé le 7 septembre 2001 des suites de maladie à l’âge de 64 ans

XI- Bell Luc René (1997- 2000): Aveu d’impuissance…

Il a soufflé le chaud et le froid pendant son séjour à Bamenda où il a occupé les fonctions de gouverneur, durant les années de braise. L’actuel sénateur du département du Nyong et Kellé, Bell Luc René, y avait d’ailleurs perdu l’une de ses épouses. Nommé à la tête de la police en 1997, il fit les frais de la montée des actes de grand banditisme tels que les cambriolages perpétrés dans certains ministères et l’agression d’un ex ambassadeur du royaume de Belgique en plein cœur de la ville de Yaoundé. Ses propos controversés selon lesquels, on ne pouvait pas mettre un policier derrière chaque camerounais furent interprétés, par sa haute hiérarchie, comme un aveu d’impuissance. Il est député élu du Rdpc pour le département du Nyong-et-kellé depuis trois législatures.

XII- Pierre Minlo Medjo (2000- 2004): L’ère des fraudeurs

Né en 1932 à Nkong par Djoum dans le Dja-et-lobo, Pierre Minlo Medjo avait intégré ce corps d’élite en 1951 comme stagiaire d’administration ; avant de devenir commissaire et commissaire divisionnaire.

L’ancien directeur de la sécurité présidentielle, fut nommé délégué général à la sureté nationale ; alors qu’il jouissait déjà d’une paisible retraite dans son ranch de Soa, une banlieue de Yaoundé. À l’origine de la création de plusieurs unités d’élite telles que la compagnie de sécurisation des diplomates ou encore, le fameux groupement de coordination des Gmi de Nkol foulou, ce flic chevronné avait réussi le tour de force, de réduire la grande criminalité de moitié à Yaoundé, Douala voire dans l’arrière pays. Mais son règne fut entaché par l’admission de plus d’un millier de candidats frauduleux dans les rangs de la police camerounaise.

XIII- Emmanuel Edou (2004- 2011): Noyé dans des histoires de jupons…

Né le 26 mai 1952 à Yaoundé, Emmanuel Edou fut nommé à la tête de la police nationale 16 Juillet 2009. En proie à une libido démesurée; cet administrateur civil diplômé de la promotion 1979 de l’Enam ; fut cité dans plusieurs histoires sulfureuses, dont l’une impliquait ; l’épouse d’un tout-puissant officier général des forces armées du Cameroun.

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