Par Serge Aimé Bikoi
Il s’agit, en effet, des tueurs d’Hommes, voire des buveurs de sang, qui instrumentalisent une bande de commanditaires cagoulés pour commettre la sale besogne liée au kidnapping, à la torture et à l’assassinat des âmes vulnérables. Retrouver un cadavre nu en état de putréfaction et méconnaissable participe, naturellement, de cette indigne et ignoble besogne. Pour avoir dénoncé la gestion opaque des fonds liés aux chapitres 57, 65 et 94 des ministères des Finances (Minfi) et de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), le chef de chaîne de Amplitude Fm est, aujourd’hui, la victime sacrificielle des lobbies de pouvoir, dont certains étaient, sans doute, importunés par les indiscrétions dont il a fait état ces dernières semaines. Après être porté disparu depuis la nuit du 17 janvier 2023, Martinez Zogo a donc été assassiné par des individus non identifiés. Le corps sans vie du présentateur de l’émission “Embouteillages” a été retrouvé à Ebogo 3 sur la route de Soa. Quelle horreur! Quelle stupeur!
Par le passé, bien de journalistes, de prélats, de religieux et d’individus avaient été victimes des actes crapuleux des personnalités tapies dans l’ombre, qui se servent, chaque fois, des assassins pour le macabre labeur. Le père Engelbert Mveng, les sœurs de Djoum, Mgr Albert Dongmo, Mgr Jean Marie Benoît Balla, Narcisse Djomo Pokam, Samuel Wazizi, Germain Cyrille Bibi Ngota, Jules Koum Koum, Jacques Bessala Manga sont, entre autres, des figures bien connues de l’Agora, qui avaient été victimes, chacune, d’une mort tragique. Si pour certains cas, les causes de la disparition mortifère n’ont jamais été élucidées, pour d’autres a contrario, le gouvernement camerounais, à travers le porte-parole de l’époque, avait évoqué, chose curieuse, la mort des suites de Sida pour le cas de Bibi Ngota et la mort des suites d’une septicémie sévère s’agissant du cas de S. Wazizi.
Des journalistes, des Hommes politiques et des entrepreneurs de la société civile avaient exigé, par exemple, de voir le corps de Wazizi, mais en vain! Jusqu’à ce jour, personne ne sait où avait été inhumé Wazizi sauf les auteurs. Faisons tabula rasa de certains cas, en l’occurrence de celui de Koum Koum qui avait été arraché à la vie dans un accident rocambolesque à la sortie de la ville de Yaoundé au niveau de Ahala ou encore de Jacques Bessala Manga, victime d’une agression sauvage, qui lui avait coûté, quelques jours après, la vie. Paix à leurs âmes !
Deux jours après la disparition de M. Zogo, j’avais fait un post sur ma page Facebook intitulé : “Martinez Zogo : sur les traces de Bibi Ngota, Jules Koum Koum et Jacques Bessala Manga ? Cinq jours après sa disparition, quiconque se rend compte, de manière malencontreuse et malheureuse, que M. Zogo a, lui aussi, été assassiné. Sans conteste, Zogo est sur les traces de Bibi Ngota, Koum Koum, Bessala Manga et Wazizi. Des buveurs de sang de la pire espèce l’ont donc tué. A qui le tour ? Je posais cette question hier soir à l’émission “Scènes de presse” lorsque Séverin Alega Mbele m’interrogeait au sujet de la disparition tragique de M. Zogo.
Au moment où des journalistes camerounais sont en danger, persécutés, menacés et ostracisés, il est urgent et impératif que les autorités de la République renforcent le dispositif sécuritaire à l’endroit des soldats de la plume. Sinon, nous allons être assassinés tour à tour sans que cela ne gêne les détenteurs de pouvoirs pluriels. Ainsi serons-nous aussi, sait-on jamais, sur les traces de Zogo. De Norbert Zongo à Martinez Zogo, il y a, indubitablement, une passerelle à franchir.
Nul ne connaît ni le jour ni l’heure !