Par Éric Boniface Tchouakeu
Me Ngouana Mustapha affirme que John Fru Ndi est devenu est « obscur gadget et un tueur d’espoir » pour le peuple du changement au Cameroun qui avait cru en lui.
L’avocat accuse aussi le Chairman de mauvaise gestion des ressources financières du SDF, notamment des plus de cinq (05) milliards de Fcfa reçus de l’Etat en guise de financement public des partis politiques, mais surtout d’avoir utilisé la formation politique pour s’enrichir personnellement.
C’est depuis qu’il a pris la tête du Sdf « qu’il a amélioré sa fortune, son gît, son couvert et ses moyens de locomotion », écrit entre autres Ngouana Mustapha pour qui par ailleurs, une bonne partie des moyens de John Fru Ndi, provient de ses compromissions avec le régime en place.
Il cite notamment deux faits qui ont suscité en leurs temps ,ou qui suscitent encore des questions au sein de l’opinion à savoir : les 14 sénateurs du Sdf élus au cours des premières élections sénatoriales en 2013 et l’absence, ou mieux, la renonciation à concourir dans certaines circonscriptions ou communes lors des élections législatives et municipales.
Sur le premier fait, on s’en souvient que le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc) au pouvoir avait officiellement appelé à voter pour la liste du Sdf, opposée à celle de l’Union Démocratique du Cameroun (Udc) dans la région de l’Ouest, où sa liste avait été rejetée.
Mais dans l’Adamaoua, où la liste du Rdpc était absente pour la même raison, aucune consigne de vote n’avait été officiellement donnée.
Cependant, le Sdf qui n’avait aucun conseiller municipal dans la région, a contre toute attente battu l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (Undp) qui y comptait plus de deux cent (200) conseillers municipaux ; et ce alors que le Rdpc pourtant dans une alliance avec l’Undp, disposait du plus grand nombre de conseillers municipaux.
A l’occasion des premières élections sénatoriales qui se déroulent au scrutin indirect, le collège électoral était composé uniquement de conseillers municipaux.
S’agissant du deuxième fait, l’opinion s’est souvent interrogée sur l’absence des listes des candidats des partis politiques de l’opposition dans certaines circonscriptions ou communes lors des élections législatives et municipales.
En prenant seulement pour référence la capitale, siège des institutions, depuis le retour au multipartisme, des partis de l’opposition traditionnelle ont rarement été en lice aux législatives dans la plus grande circonscription du Cameroun qui compte pourtant jusqu’à sept (07) sièges de députés. C’est la même situation dans plusieurs communes de Yaoundé pendant les municipales.
Me Ngouana Mustapha vient de dire tout haut ce que d’autres murmuraient en guise d’explications dans les coulisses ; et cette situation ne concerne pas uniquement son parti politique.
Même s’il est difficile de rapporter les preuves matérielles des déclarations de l’avocat, dont certaines affirmations avaient déjà été rejetées en leur temps par John Fru Ndi, il faut néanmoins reconnaitre que les observateurs ont grâce à Me Ngouana Mustapha, des éléments supplémentaires qui renseignent sur la pratique du jeu politique au Cameroun entre acteurs majeurs de premiers plans depuis quasiment trois décennies.
Par ailleurs selon un adage, même le plus gros mensonge, cache une petite vérité.
Il convient également de relever que le Sdf a longtemps été la principale formation politique de l’opposition, quasiment depuis sa création le 26 mai 1990 à Bamenda, jusqu’à la présidentielle d’octobre 2018.
Des tractations sont normales entre formations politiques dans un pays, car leurs dirigeants sont des adversaires et non des ennemis sur ce champ.
Cependant, il doit y avoir à chaque fois une communication de la part des protagonistes pour au mois annoncer l’entame des discussions, même si le contenu est gardé secret.
Il y a déjà bien eu sur la scène politique au Cameroun, des partis comme l’Undp et l’Union des Populations du Cameroun (Upc), qui ont signé des accords formels avec le pouvoir en vue de leur participation au Gouvernement.
Des négociations politiques conduites dans le plus grand secret sur certaines questions comme celle là, sont généralement faites dans l’intérêt personnel de ceux qui participent aux pourparlers, et souvent au détriment des organisations qu’ils représentent.

Avec l’arrivée des réseaux sociaux qui ont davantage renforcé l’accès du public à l’information, le risque sera grand pour tout acteur politique majeur qui se veut sérieux, d’engager certaines démarches sans un minimum de communication sur son action.
Avis donc à certains partis d’opposition ou qui se présentent comme tel, en quête de poste ministériels, ou de sièges de sénateurs par voie de nomination présidentielle.