Par Félix Cyriaque Ebolé Bola
Les multiples crises que traverse le Cameroun mettent, systématiquement à nu les insuffisances de son écosystème économique et ses difficultés à conduire fermement un agenda solide de réformes structurelles, estime le président du Groupement interpatronal (Gicam), Célestin Tawamba.
S’exprimant dans les colonnes du dernier numéro du Bulletin du patronat, il appelle à la nécessaire construction d’une économie vigoureuse et inclusive afin d’apporter des réponses appropriées aux crises et à de multiples défis. Pour cela, dit-il, le Cameroun doit disposer d’entreprises locales aptes à participer à la compétition mondiale. Ce pays «doit être capable, par des politiques publiques idoines, d’attirer un flux important d’investissements privés extérieurs, de favoriser l’éclosion de champions nationaux, tout en encourageant l’émancipation de toutes catégories d’entreprises locales résilientes dont des Pme fortes exportatrices».
Revisitant les différentes politiques de développement mises en place depuis 2003 avec le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (Dsrp), le patron des patrons constate que la Stratégie de développement du Cameroun (Snd30), en vigueur depuis novembre 2020, affiche d’ores et déjà des limites. Célestin Tawamba ne cache pas sa crainte que, dans les années à venir, le Cameroun continue d’afficher des performances économiques en deçà des attentes et des requis pour faire de son économie non pas un espace de rentiers et de consommateurs en bout des chaînes mondiales, mais le bras armé d’un pays de producteurs et de créateurs de valeurs dans tous les domaines de l’aventure humaine, une économie entrepreneuriale, susceptible de prendre des risques, de créer et d’innover.
Des solutions existent, certes, en vue de renforcer durablement la compétitivité des entreprises locales. Le Cameroun dispose de moyens propres à conduire un processus inclusif de création de valeur, gage d’une mutation sociodémographique stable et pacifique à même d’enrayer le cycle de paupérisation et des inégalités économiques croissantes, dans un environnement mondial turbulent. Mais, pour le président du Gicam, les frustrations économiques, alimentées par des processus inégalitaires de création et de distribution des richesses mais aussi par des déflagrations d’origine externe, constituent aujourd’hui le terreau fertile au déclenchement de la colère et de la grogne d’une jeunesse exclue, pourtant composante majoritaire de la population.
Mon’Esse
