Par Léopold Dassi Ndjidjou
Une journée marathon pour mettre à la disposition des professionnels des médias des outils nécessaires dans le sens bien compris de mettre fin à la propagation du discours de haine dans les médias. Pour ce faire, le cœur des activités s’est structuré autour de cinq exposés. Il y a eu d’abord, le « Discours de haine et morale sociale », thème développé par le professeur Armand Leka Essomba, un sociologue de l’université de Yaoundé 1 ; ensuite « Hate speech and the impact of hate content on media audiences », a pris le relai avec Desmond Ngalla, à la manette ; « Mécanismes d’éradication du discours de haine et mesures de protection des consommateurs des productions médiatiques », a tenu en haleine l’assistance sous la houlette du professeur Charly Gabrielle Mbock ; « Hate speech and social media », exposé par Beau Bernard FonkaMutta a mis un point d’honneur sur les dérives sur les réseaux sociaux ; et pour terminer, « l’éducation aux médias comme une réponse au discours de haine »,est le thème développé par Blaise Pascal Andzongo.
Après les exposés suivis des échanges avec l’assistance de plus de deux cents personnes, la journée s’est achevée par la lecture des recommandations. Ainsi, aux pouvoirs publics, il est recommandé d’élaborer des législations et des politiques publiques visant à éradiquer le discours de haine ; d’introduire l’éducation aux médias dès la base dans les modules d’éducation scolaire ; adresser avec tact et méthode les questions sociales sensibles telles que la réforme foncière comme arguments d’apaisement et de solutions face au discours de haine. Quant au régulateur du secteur de la communication sociale, il est recommandé de rédiger un Code éthique dans les médias, comme référent langagier permettant d’éviter le discours de haine ; d’engager les concertations appropriées avec les plateformes numériques globales en vue de l’éradication du discours de haine dans les réseaux sociaux.
En ce qui concerne les promoteurs et professionnels des médias, il leur est demandé de veiller à un encadrement de leurs programmes et de leurs publications pour éviter la promotion du discours de haine. Enfin, aux partis politiques et à la société civile, ils sont appelés à promouvoir la diversité, la pluralité des opinions et la tolérance. Avant tout ceci, le séminaire s’est ouvert avec les allocutions. C’est d’abord Joseph ChebongkengKalabubsu, le président du Cnc, qui d’emblée a reconnu que « l’heure est grave » et que « la responsabilité des médias est grande ». Il est allé plus loin, en demandant aux professionnels des médias, même lorsqu’ils sont sur leurs pages dans les réseaux sociaux, « de faire des publications apaisantes ». Quant au ministre René Emmanuel Sadi, représentant du Premier ministre, avant de lancer le séminaire, il areconnu que ce séminaire entre en droite ligne dans la communication gouvernementale du 17 mai dernier portant sur la montée du discours de haine et du tribalisme. « Cette exacerbation constitue une menace réelle à la cohésion sociale et à la Nation entière », a-t-il reconnu. Au nombre des autorités qui ont assisté à cette phase protocolaire, il y a Minette Libom Li Likeng, ministre des Postes et des télécommunications, le représentant du gouverneur de la région du Centre, les dirigeants des organisations de la société civile. Toujours en présence du représentant du Pm, on a procédé à la projection d’une capsule sur la situation du discoursde haine dans les médias au Cameroun (audiovisuel, presse écrite et la presse cybernétique). Les acquis de ce jour permettent d’envisager un tassement considérable du mal dans les différentes productions médiatiques dans les jours à venir.