Par Serge Aimé Bikoi
Contrairement à la frayeur qu’il a exprimée le 17 janvier 2023 suite à son audition pendant huit heures de temps au Service central de recherches judiciaires (Scrj) de la gendarmerie nationale de Yaoundé, Jean François Channon était, plutôt, serein devant le procureur de la République. Selon des sources crédibles, le procureur de la République a, de prime abord, été courroucé par le fait que le Dp de Le Messager soit jeté dans une cellule du parquet du Service central de recherches judiciaires de la gendarmerie nationale de Yaoundé comme un vulgaire malfrat. Le journaliste y a passé près de deux heures avant que le procureur ne donne l’instruction ferme qu’il y soit, immédiatement, extrait non sans sermonner des hommes en tenue qui l’y ont conduit dès son arrivée en matinée.
Après s’être présenté devant le procureur de la République, ce dernier a fait savoir à J.F. Channon qu’il n’a aucune envie, encore moins aucune intention de le faire incarcérer. Il était, juste, question de le convoquer et de l’auditionner simplement suite à la plainte déposée par le sous-préfet de l’arrondissement de Yaoundé VII, laquelle a trait à un droit de réponse querellé, dans lequel il est mis en cause par ses frères de la communauté Jebale dans le département du Wouri. C’est après un échange convivial entre le procureur et le Dp de Le Messager qu’il a été libéré hier en début d’après-midi.
En rappel, en dates des 13 et 15 septembre 2022, le journal “Le Messager” a publié un article sur un litige foncier dans l’Ile de Jebale dans le département du Wouri. Au lendemain de cette publication, un collectif soi-disant des chefs de Jebale a envoyé un droit de réponse que le Messager a publié le 20 septembre 2022. “Dans ce droit de réponse, indique Channon, les auteurs ont indexé une élite de Jebale actuellement aux responsabilités administratives comme sous-préfet de Yaoundé VII. C’est ce dernier qui a porté plainte pour “diffamation” au Service central de recherches judiciaires (Scrj) de la gendarmerie nationale de Yaoundé. Le Dp de Le Messager a donc été cité pour avoir permis cette publication.
Pourtant, le droit de réponse est une disposition légale de la loi de 90 sur la communication sociale au Cameroun. En effet, l’on ne saurait emprisonner un patron de presse pour avoir publié un droit de réponse dans le journal. Au cas où le plaignant est mécontent de ce droit de réponse-là, il dispose de deux éventualités. Soit il fait un droit de réponse à son tour que le journal sera chargé de diffuser, soit il porte plainte contre ceux qui ont écrit le droit de réponse dans lequel il est, effectivement, sur la sellette. Par conséquent, il n’a pas le droit d’intenter une procédure judiciaire contre le journaliste ou contre le Directeur de la publication dudit journal.