Par Serge Aimé Bikoi
De manière globale, le rapport expose plusieurs cas de crimes graves perpétrés d’un côté par les forces de défense et de sécurité de la république et, de l’autre, par les groupes armés non gouvernementaux, les éléments de la secte islamiste Boko Haram et les milices contre la population. Ces groupes non étatiques, en retour, ont commis des meurtres dans les rangs des forces de défense et de sécurité.
Au cours de l’année 2023, les organisations de la société civile ont documenté 598 cas de meurtres dont 403 dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, 169 dans l’Extrême-Nord et 26 dans les autres régions. Parmi ces meurtres, l’on note au moins 335 civils et au moins 134 forces de défense et de sécurité et 95 éléments des groupes armés non gouvernementaux et 35 assaillants de Boko Haram. 209 personnes ont été enlevées dont 161 dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et 25 dans l’Extrême-Nord et 48 dans les autres régions. Ces enlèvements ont été accompagnés des demandes de rançons.
De plus, les organisations de la société civile relèvent 911 cas d’arrestation et de détentions arbitraires, dont 869 dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et 42 dans les autres régions, accompagnés des cas d’extorsion de fonds aux victimes.
Relativement à la situation des libertés publiques, l’Ong Un Monde Avenir et les organisations collatérales enregistrent et documentent 11 cas d’interdiction des réunions et manifestations publiques et d’atteintes à la liberté d’expression et d’opinion, 34 cas d’explosions et incendies dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, 28 cas de violences basées sur le genre et 191 cas de violations des droits économiques, sociaux et culturels (droit à la santé, à l’éducation, le droit au logement et le droit d’accès au service de base).
Au total, 1700 cas de violations des droits humains ont été enregistrés et 243 cas d’exactions commises ou attribuables non seulement aux groupes armés non gouvernementaux dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi aux éléments de la secte islamiste Boko Haram dans l’Extrême-Nord.
Recommandations aux autorités étatiques
Le groupe de travail sur les droits humains recommande les actions suivantes :
- Appliquer effectivement la disposition relative à l’habeas corpus prévue dans le code de procédure finale
- Éviter d’attraire les civils devant les tribunaux militaires
- Accélérer les procédures judiciaires en vue de diminuer le nombre de prévenus et décongestionner les prisons.
- Modifier les textes qui organisent le Conseil supérieur de la magistrature pour renforcer l’indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis du pouvoir exécutif
- Augmenter les ressources diverses pour que la justice soit plus performante, notamment la construction de nouveaux palais de justice et l’amélioration des infrastructures du service public de la justice .
- Améliorer les conditions de travail des différents intervenants de la chaîne judiciaire
- Mettre en place les mécanismes de surveillance des violations des droits de l’homme dans les lieux de détention incluant des organisations non gouvernementales dans ces lieux.
- Rendre compte des progrès des enquêtes ouvertes contre des agents de l’État suspectés de meurtres sur les civils et en faire connaître les conclusions.
- Mettre sur pied des mécanismes de dénonciation des abus commis par le personnel pénitentiaire et des pratiques de racket sur les prisonniers.
- Mettre fin aux trafics et frais divers indûment payés par les visiteurs dans les prisons .