Par Mon’Esse
Amnesty International (AI) a, mardi, demandé aux autorités camerounaises d’enquêter sur les allégations d’atteintes aux droits humains et d’autres crimes relevant du droit national commis dans le contexte de la violence armée dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (No/So).
Dans un nouveau rapport sur la crise sécessionniste dans cette partie du pays, l’Ong de défense des droits humains recommande également de poursuivre en justice et juger les responsables de ces actes, dans le cadre de procès équitables menés devant des tribunaux indépendants, impartiaux et compétents.
Intitulé «Avec ou contre nous. La population prise en étau entre l’armée, les séparatistes armés et les milices dans la région du Nord-Ouest du Cameroun», le document passe en revue divers crimes commis, principalement depuis 2020, par des séparatistes armés, des milices mais aussi des membres des forces de défense et de sécurité en zone anglophone.
Indiquant avoir effectué deux visites au Cameroun entre novembre 2022 et mars 2023, AI affirme avoir rencontré plus de 100 victimes, représentants d’Ong, journalistes et commissaires de la Commission des droits de l’homme du Cameroun (Cdhc), mais précise que les demandes de rendez-vous avec des membres du gouvernement «sont restées sans réponse».
Et de pointer un doigt accusateur sur des milices peules mbororos, ayant «également participé à des homicides et à la destruction d’habitations dans la région du Nord-Ouest, dans certains cas avec au moins l’aide ou la complaisance de soldats camerounais».
De graves violations des droits humains ont été perpétrées par les forces de défense et de sécurité dans le département de Bui (Nord-Ouest), des crimes comprenant des exécutions extrajudiciaires, des viols et d’autres violences sexuelles infligées à des femmes.
Il semble par ailleurs, selon Amnesty, que certaines des armes utilisées pour commettre des crimes contre la population ont été volées à l’armée camerounaise qui les a obtenues via l’assistance étrangère.
Malheureusement, déplore le rapport, «au lieu d’enquêter réellement sur les crimes perpétrés par des séparatistes armés, les autorités ont accusé des personnes dénonçant des atrocités d’être elles-mêmes des séparatistes armés ou des sympathisants de ces derniers, et les ont arbitrairement arrêtées et placées en détention».
Dans le même ordre d’idées, AI estime que le manque de transparence des enquêtes, sur les crimes commis par les forces armées, suscite des inquiétudes quant à l’impunité.